Les graffeurs archéologues

 

SOWAT & LEK

 

Âge de raison pour le street art ? (article de TRACKS du 17/12/2014)

On lui a collé tous les maux du monde sur le dos avant de le reconnaître comme art à part entière. Une exposition basée à Paris rassemble toutes les disciplines du street art, qui semble avoir gagné sa médaille d’honneur, au détriment de sa subversion. On l’a appelé graffiti, tag, peinture au pochoir, mapping ou encore light painting. Mais au fond, quel rapport entre une bombe de peinture et un projecteur vidéo ?

Ces disciplines, qui touchent à l’acrylique comme au numérique, ont un seul point commun : l’espace urbain, réutilisé. Si le terme de « street art » renvoie à des expressions artistiques aussi disparates, il a rendu un grand service à tous ses artistes en les rendant visibles auprès du public.

Après presque quatre décennies de murs graffés, nettoyés, recouverts et éclairés, une exposition à la fondation EDF de Paris pourrait faire office de bilan d’un mouvement créatif qui a presque fini de faire peur. Le street art est-il un genre du passé ? Est-il un genre tout court, d’ailleurs ?

Tracks, à différentes reprises, s’est intéressé à la cause street art, et a mis en boîte plusieurs artistes présents dans cette exposition, dont le catalogue est consultable en ligne. Lek, en son temps, avait recouvert les murs d’un builing abandonné près du périphérique parisien, créant avec son pote Sowat un véritable mausolée du street art.

Selon le site residence.lesbains-paris.com (du 22/04/2013), présentation des deux artistes:

LEK

Né en 1971 à Paris.
Vit et travaille à Paris.

 L’art de LEK, artiste et écrivain parisien, s’exprime avec force dans le graffiti. Il a grandi dans le 19e arrondissement, berceau de plusieurs graffeurs dans les années 1980. A cette période il commence à peindre, ou comme il le signifie lui-même « à s’imprégner des richesses que le graffiti a à offrir ».

Influencé par SKKIJAY ONE, LOKISS et d’autres, il commence à définir son propre univers graphique avec des notes à la fois mécaniques ou organiques, futuristes ou abstraites. Avec la LCA, son groupe, il crée une véritable identité visuelle reconnaissable à sa forme pure et minimaliste, qui était alors très peu considérée par les autres membres du mouvement urbain français.

Continuant à pousser ses compositions et ses lettres de plus en plus loin LEK aborde un style déconstruit, stratifié mais en jouant toujours sur l’épuré et le géométrique, minimisant les couleurs pour produire un impact fort. L’objectif est de conduire le regard vers le mot grâce à la défragmentation de ces segments brefs et saccadés.

LEK explore la ville, sans cesse à la recherche de nouveaux endroits où apposer sa marque, notamment des zones industrielles, des stations abandonnées, des sous-sols, des immeubles désaffectés… C’est l’instinct de curiosité qui mène ses explorations et son travail et lui permet d’obtenir ou de chercher toujours une forme de liberté.

LEK expose ses œuvres au cours de plusieurs évènements. Il participe en 2009 à l’exposition TAG au Grand Palais. En août de la même année il se lance, avec son ami l’artiste SOWAT, dans le plus important de ses projets à ce jour : le Mausolée, un espace de 40 000 mètres carrés, un supermarché abandonné dont il recouvre les murs avec l’aide d’une quarantaine d’artistes invités.

Pendant plus d’un an ils y peignent des fresques spectaculaires, les photographient et les filment puis en tirent un livre et une exposition itinérante. Présenté au Palais de Tokyo, LEK s’expose partout sur les murs de Paris. Son habilité à pousser le medium du graffiti sans pour autant s’attacher à sa tradition projette sans cesse son art aux niveaux supérieurs.

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SOWAT

Né en 1978 à Marseille.
Vit et travaille  à Paris en France.

SOWAT commence à peindre à 15 ans dans les rues de Marseille avec un groupe d’amis qui taguent les voies ferrées. Faisant toujours usage de la lettre c’est d’abord pour impressionner ses camarades que SOWAT prend ses premières bombes de peinture.

Après avoir passé plusieurs années à taguer les rues, les autoroutes et les murs de sa ville natale SOWAT décide d’expérimenter le coté réellement artistique du graffiti dans les années 2000, réalisant des œuvres monumentales au Mexique, au Brésil ou en Argentine par exemple, exposant dans des galeries et institutions.

Toujours à la recherche de nouvelles façons de jouer avec les lettres, SOWAT se tourne alors naturellement vers la calligraphie, en essayant d’adapter les styles et les techniques de cet art ancien à la robustesse des espaces en friches et des usines désaffectées où il aime à s’exprimer.

En rejoignant le groupe DMV il se lance dans un nouveau projet : celui de peindre sur toile ce que les rues lui ont appris que ce soit grâce à des tags en dripping, des lettres courbées, etc.

En 2009, il rencontre LEK initiant alors un travail à quatre mains qui arrive à son point culminant avec leur projet « Mausolée ». Ce supermarché de 40 000 m² laissé à l’abandon et découvert par LEK qui devient le Saint Graal des deux artistes qui y invitent une quarantaine de confrères pendant près d’un an afin de s’approprier les lieux et qui été suivi du projet spécial « Dans les entrailles du Palais » au Palais de Tokyo.