STREET ART

 

Keith Haring sur un mur de Houston en 1982

Le Street Art, un art de la liberté.

 

Permettre que l'art soit accessible à tous c’est le pari du Street Art qui veut communiquer avec le plus grand nombre dans les villes et les cités là où les gens vivent.

Le Street Art ou Art Urbain est un mouvement artistique contemporain, le plus important de la fin du XX°s.

Il a obtenu ses lettres de noblesse grâce à des artistes prestigieux comme Keith Haring et Jean-Michel Basquiat.

Concrètement, il regroupe toutes les formes d'art réalisé dans la rue ou dans les endroits publiques et englobe diverses méthodes telles que le graffiti, le graffiti au pochoir, les stickers, les posters, la projection vidéo, les installations de lumière...

Mais parmi ces principaux styles, il faut distinguer en priorité les graffs des tags. Si les autorités publiques les confondent souvent en appelant indifféremment tags ou graffitis toute forme d'inscription murale, ceux-ci sont par contre totalement différents et étrangers. Ainsi s’agissant des tags, ils ne sont en réalité que des signatures (ou slogans) rapides d'individus ou de groupes et n'ont souvent rien d'artistique sauf à servir à signer une fresque.

Un petit bémol toutefois concernant certains d’entre eux qui possèdent parfois une richesse calligraphique indéniable et sont reconnaissables par leur style recherché. C’est pourquoi on peut classer certains d’entre eux dans le « lettrage ».

Pour illustrer de manière plus probante encore cette différenciation tags-graphs, on peut évoquer les débuts de Keith Haring en 1980 dans le métro de New York. En effet cet artiste dessinait à la hâte des grandes figures à la craie sur les panneaux noirs prévus pour espaces publicitaires. Au cours de ces performances, il fut même arrêté comme tout bon taggeur par la police. Mais à la différence des taggeurs, il affirmera toujours : « Je n'ai jamais taggé, j'ai fait de la peinture dès le début ».

En fait ce jeune créateur se distingue des taggeurs parce qu'il dessine un graphe novateur permettant de transcender la réalité. Et c’est notamment en développant des forces collectives (et non individuelles, égocentriques) que son art conduit à l'émergence d'un « On » généreux.

A l’opposé, la plupart des tags sont obsédés par la célébration du « Moi » et répètent à l'infini « C'est moi, c'est moi » multipliant à foison les signatures. Par contre Keith invente un tracé révolutionnaire qui n'a rien de commun avec les tags répétitifs puisqu’il nous pousse à voir l’indicible bousculant et dépassant les frontières de notre égo.

Ensuite parmi les autres formes ou styles du Street Art figurent en bonne place les fresques ou « murals » qui sont la quintessence de l’art urbain. Elles sont l’œuvre d’un groupe d’artistes (« crew ») qui se connaissent bien, sur un thème donné.

A côté de ces genres très répandus, on trouve également différentes formes complémentaires comme les œuvres au pochoir qui ont l’avantage d’être exécutées rapidement, les dessins réalisés par un crayon aérosol indélébile et enfin les différents collages (de sérigraphies, d’objets ou de stickers).

Certains distingueront les différentes formes d’art par la technique utilisée. Ainsi il y aurait en résumé deux catégories principales d’actions :

- Le graffiti qui utilise la bombe, quel qu’en soit l’usage (lettres, dessins, fresques…) et quels que soient le les supports (murs, trains, panneaux…)

- Le « street art » qui utilise toutes les techniques mixées ou non (y compris l’aérosol)

Cette approche parait réductrice car on a tendance plutôt à regrouper sous le terme générique de « Street Art » toutes les œuvres réalisées dans la rue. Et le graffiti qui utilise la bombe n’est par conséquent qu’une forme particulière parmi d’autres techniques utilisées par le Street Art.

Par ailleurs l’originalité du Street Art c’est qu’on l'associe volontiers à « Trespass » ou transgression en français ce qui permet à cet art public illégal de manœuvrer. De cette manière, les artistes expriment et perpétuent une rébellion ancestrale de l’homme qui passe notamment par les peintures rupestres aux proclamations de Martin Luther clouées sur une porte d’église.

« …il est indispensable de comprendre comment l’intervention non sollicitée est un réflexe contre la domination de l’espace public par une minorité, contre la majorité. » (Trespass, une histoire de l’art urbain, Taschen 2010 p.22)

Ces artistes offrent leur art gratuitement et travaillent à l'extérieur souvent pour de courtes périodes, sous peine de se faire arrêter.

Ils considèrent la ville comme une toile géante.

Instinctivement, ils se sentent poussés à intervenir dans les quartiers délaissés, abandonnés, dégradés comme pour apporter un rayon de soleil dans ces lieux oubliés;

En fait ce goût de l'aventure et du dépassement est une composante essentielle de ce mouvement artistique.

Tout a débuté avec le graffiti qui est la forme la plus ancienne d’art public illégal dont dérivent toutes les autres formes de déclarations esthétiques. C’est un affront social, illégal et passible de poursuites. Ce mot de graffiti a d’ailleurs été forgé au milieu du XIX° s. à la suite de la découverte de griffonnages sur les murs de Pompéi. Cela démontre une pratique ancienne qui colle à notre humanité.

En résumé: le désir d'être subversif, de provoquer, de représenter ce que tout le monde pense tout bas serait à l'origine de ce courant, la rue étant la plateforme la plus large et la plus puissante dans un but de visibilité. Ce mouvement artistique participe également à une culture urbaine transversale qui comprend la musique, la danse (hip-hop…), le sport (skate, board, surf) vécue souvent en groupes (« crews »)

Par conséquent le « Street Art » est un peu la tribune libre des artistes contemporains. Il s'agit d'un médium de communication très puissant qui vise un large public puisque facilement accessible et visible.

Et mieux qu’un slogan publicitaire il s’agit d’un art qui permet de diffuser une « pensée magique par laquelle on fait un saut non scientifique de croire à l’effet des pensées ou des objets totémiques sur le monde ». (Trespass, ibid p.220)

Fresque réalisée à Montreuil en septembre 2010

Thomas MisterPee Dityvon, Kid acne, Seize, Yz, Maeva, Florence Ema

 

Zokatos et NemiScribe

Seize

 

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