Vitraux Chagall à Metz
La première baie du déambulatoire nord, 1960 (cathédrale Saint-Etienne de Metz)
Présentation de Chagall (introduction à l'oeuvre de l'artiste lors de la visite du 1/12/2012 pour les personnels des Administrations du département de la Moselle)
Né en 1887 à Vitebsk (port fluvial russe), il arrive à 23 ans en 1910 à Paris.
Son nom de famille c’est Segal qui devient Chagall.
L’oncle Neuch tous les samedis lisait la Bible à haute voix et jouait du violon « comme un savetier. ».
Médiocre élève, seuls la géométrie et le dessin l’intéressent : "...lignes, angles, triangles, carrés m’emportaient vers les lointains séduisants."
Pour un juif de Vitebsk, devenir artiste en 1907, apparaissait comme une provocation : la tradition de l’iconoclasme hébraïque restait vivante (proscrire toute représentation artistique).
Ses premiers dessins, cette déformation consciente qu’il impose à ses figures, comme un défi au réalisme – qui est le trait dominant de ce premier jet de l’instinct du peintre.
Sa première œuvre le « Mort ».
Le style Chagall : l’interdépendance des personnages, qui apparaissent comme des antithèses provoquant une opposition singulière, renforcée encore par le contraste puissant des couleurs – ici le rouge et le vert.
La tension de la composition, comme la palette colorée, crée une irréalité, une épaisseur de rêve, une complexité du sujet qui dépasse le symbolisme des figures pour atteindre un ordre cosmique.
A Paris, il regarde avec les yeux de l’âme . Il se pénètre de cette « lumière-liberté » et de ce « soleil de l’art » qui ne brille alors qu’à Paris.
L’influence de Van Gogh…l’atmosphère, la pureté des tons, l’influence des Fauves : puissance des jaunes, des rouges et des verts, teintes pures ou tourbillon de mélanges (la couleur comme le moyen fondamental de la construction d’une œuvre).
Une volonté de construction…
Il va apprendre une certaine façon de diviser géométriquement l’espace, de construire des personnages par cubes. Sans adhérer à une école, il cependant emprunte les schémas.
Les couleurs, le bleu surnaturel, le vert cosmique, le rouge mystique servent admirablement la composition.
Les surréalistes : veulent le rattacher à leur mouvement (Max Ernst, Eluard…) mais lui de répliquer « Je veux un art de la terre, non de la tête uniquement . »
En 1930, Vollard lui commande l’illustration de la Bible ; La puissance surnaturelle de l’Ecriture l'habite. Il veut rendre présent le divin, son énigme et son intimité avec l’humour.
La chimie de la couleur qui trouve un nouveau style dans ses œuvres, crée un espace pictural d’une densité unique avec un minimum de moyens.
La couleur enveloppe tout, le dessin et le sujet ; elle domine, mais elle exalte aussi chacune des parties du tableau dont elle fonde l'unité.
Dans son univers pictural où les personnages renoncent aux principes de la gravitation, le peintre, lui, ne renonce jamais à ses racines.
Les formes en liberté, les couleurs qui ne respectent plus les apparences de la nature sont avant tout des outils au service de sa thématique.
L’œuvre chagallienne est à la recherche d’une langue « judéo-universelle » accessible à un regard non initié, elle recèle toujours un langage crypté.
Dans ses visions énigmatiques, où se mêlent la culture yiddisch et l’art populaire russe, le judaïsme et le christianisme, le rationnel et l’absurde.
Sa peinture à l’image du yiddisch – langue de métissage, langue maternelle de Chagall sert ainsi, par sa peinture, par sa structure, de métaphore à l’art du peintre.
Le collage des différentes religions et de diverses cultures, les emprunts à diverses tendances avant-gardistes sont à l’image d’une langue qui a fait de l’hétérogénéité apprivoisée son principe de base.
Attiré par le hassidisme :
Mouvement spirituel et populaire né au XVIII° s. en Europe orientale. A l’inverse du rationalisme du judaïsme officiel, le hassidisme est fondé sur la domination de l’élément magique et surnaturel, sur la foi mystique.
Sans adhérer formellement à ce courant, Chagall est attiré par sa conception panthéiste et surtout par son « affirmation de la joie comme un sens suprême de l’existence. » (Kamenski)
Le sentiment d’extase qui fait « perdre la tête » à ses personnages, le bestiaire imaginaire, l’importance de la fête,…musique qui instaure l’homme et Dieu une relation de familairité, voire de convivialité.
Représentation
L’interdit inspiré par l’Ancien Testament aurait dû le conduire à l’abstraction. Mais Chagall résiste à l’abstraction. Il contourne l’abstraction en prenant à la lettre le texte biblique où il est avant tout question de « l’image sculptée ».
Ses être dénués, aux têtes détachées ou renversées échappant à toute pétrification et évoluant dans un univers qui ignore les lois de la pesanteur.
Si l’homme dont parle la Bible est formé de poussière ou de terre, celui de Chagall est fait à partir de l’ « étoffe des songes. ».
Luftmensch
L’homme de l’air : invention picturale prend sa source dans la langue et la littérature yiddisch.
Le luftmensch est l’allégorie d’un peuple contraint à l’équilibre instable.
NB : Vitebsk, ville de taille moyenne située en Biélorussie, reliée par le chemin de fer à Moscou et St Pétersbourg.
seconde baie du déambulatoire nord (cathédrale Saint Etienne de Metz)
Baie ouest du croisillon nord, 1966 (cathédrale Saint-Etienne de Metz)
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