PIG IRON de MATTHEW DIBBLE
"Pig Iron" (Huile sur toile, 111,76 x 81,28 cm, 2008)
(Commentaires sous forme pdf Commentaires de Pig Iron de Matthew Dibble)
1) Commentaires en français puis traduits en anglais
2) Comments in French and then translated into English
1) In French:
Matthew Dibble est venu tardivement à la peinture, lui qui a toujours pratiqué le dessin depuis l'âge de 13 ans. Il commença à dessiner en utilisant l'encre de Chine et est resté longtemps fasciné par ce liquide noir.
Par la suite, il a essayé à plusieurs reprises la peinture, mais la trouvant souvent trop exigeante, il a dû régulièrement retourner au dessin.
Il estimait que ce qu'il représentait dans ces petits dessins était souvent plus intense et plus profond que ce qu'il pouvait réaliser dans ses grandes toiles. Et ce n'est que récemment qu'il se sent véritablement capable de transposer ses aspirations les plus élevées dans les peintures de grand format.
Par ailleurs, ses premières toiles reprennent souvent les thèmes et les motifs d'origine mythologique qu'il développait déjà abondamment dans ses dessins.
Or avec le tableau « Pig Iron » et d'autres de la même année 2008, Matthew Dibble semble inaugurer un nouveau tournant dans son œuvre le conduisant à des peintures entièrement abstraites. Une peinture qui surprend par l'abondance de la matière et par la violence qui s'y déploie. Une matière constamment triturée et lacérée par le peintre et qui offre le triste spectacle d'un univers meurtri et dévasté.
Ce faisant Matthew Dibble rejoint l'école de l'expressionnisme abstrait qui a marqué fortement la peinture américaine depuis la deuxième guerre mondiale.
En effet la nouvelle direction qu'il a prise ressemble étonnamment à celle d'un certain Rothko qui à partir de 1946 avec une nouvelle série de tableaux, les Multiform, développera également un langage abstrait dans ses peintures. Lui aussi connut antérieurement une période marquée par les thèmes mythologiques.
Ce même Rothko avait peint au début des formes comme des organes en prétextant : "Mon art n'est pas abstrait; il vit et respire". Et plus loin : « ...Un tableau qui n'apporte pas un environnement dans lequel peut s'insuffler le souffle de la vie ne m'intéresse pas. »
De Kooning lui aussi a excellé dans l'abstraction. Même si après la guerre, il mélangeait encore très souvent abstraction et figuration, par contre il se tournera résolument dans les années 50 dans une peinture abstraite et gestuelle avec de larges coups de pinceaux comme des gestes de libération.
Dans cette école de la peinture abstraite aux Etats Unis, il ne faut pas oublier bien évidemment Jackson Pollock. Mais celui-ci se distingue plutôt par l'Action painting, par cette gestualité qui caractérise principalement son travail. Loin d'être seulement une technique, celle-ci permet d'objectiver le travail du peintre.
Le "dripping" lui a permis de résoudre l'antinomie entre la couleur et le trait, d'unir dans le même geste d'épandage la forme et la couleur, le dessin et la peinture. Bref grâce à cette méthode, la peinture de Pollock devient spontanément unitaire.
Par contre dans le travail de Matthew Dibble rien de tout cela, puisque si le tableau "Pig Iron" s'inscrit effectivement dans la mouvance de l'expressionnisme abstrait tel qu'il est décrit précédemment, celui-ci ne peut être relié à l'Action Painting
Chargée d'un trop plein de pulsions, cette œuvre reste en effet résolument abstraite par son aspect tourmenté. Mais comme le peintre utilise toujours le pinceau ou un autre instrument qu'il applique directement sur la toile, il n'y a donc pas de phénomène d'objectivation comme c'est le cas pour la peinture de Pollock.
Son oeuvre se présente comme une peinture épaisse, très généreuse en pigments et distribuée en touches agressives de couleurs sourdes et violentes. Elle est lacérée de toutes parts par des grands coups de pinceaux qui se croisent, s'entrecroisent ou zigzaguent.
On observe également de larges passages du couteau, de la spatule ou de la brosse ce qui conduit notamment à la création d'une profonde trouée au milieu de la composition et à de nombreux aplats.
La spatule ou le couteau lacère parfois avec beaucoup de brutalité la matière jusqu'à l'écorcher à vif, la dépouillant même de sa substance. A certains endroits (en haut et en bas de l'œuvre), la peinture est parfois littéralement éradiquée.
Le résultat de cette violence conduit à la création de poches de peinture comme des moutonnements de congères apparaissant ici et là et qui en séchant créent des sortes de tumulus ou cratères. Tous ces amas sporadiques de matières picturales donnent naissance à la surface de la toile d'une topographie de type lunaire.
Le titre "Pig Iron" qui peut se traduire en français par la fonte obtenue par la fusion du minerai de fer dans les hauts fourneaux justifie le traitement pictural particulier appliqué à cette toile. Cleveland où vit le peintre était un centre industriel important jusqu'à la seconde moitié du XX° s. avant de connaître sa reconversion vers le secteur tertiaire (finance et assurances).
Ainsi Matthew Dibble a vécu une grande partie de sa vie environnée par cette industrie lourde et par l'intense activité déployée par les hauts fourneaux, aciéries et laminoirs qui faisaient partie de son décor quotidien. Et tout cela devait également lui inspirer certaines scènes de la mythologie comme les travaux de Vulcain, le dieu du feu.
De plus cette fonte obtenue par la fusion du minerai de fer lui-même extrait des entrailles de la terre nous fait participer à un spectacle comparable à la naissance du monde.
Les couleurs participent d'ailleurs à cet univers originaire par l'emploi de pigments plus sombres et plus mystérieux : une palette morne tirant vers le gris et le brun terreux. Mais également le vert qui surgit de la trouée centrale et un éventail d'autres teintes qui apparaissent par touches sporadiques mais sans apporter une réelle clarté à l'ensemble (le rose à droite, le bleu à gauche et d'autres nuances de brun, de rouge...).
En assombrissant la composition, la couleur participe à la rendre encore plus imperméable et plus compacte dissimulant également son animation intérieure.
Cet espace originaire peint par Matthew Dibble rappelle ce que disait Henri Maldiney à propos de certaines scènes peintes par Cézanne:
« Le schème sub-spatial de tout espace, le schème sub-cosmique de tous les mondes, c'est-à-dire une métaphysique de la profondeur » (Maldiney Henri, L'Equivoque de l'image de la peinture, Paris-Lausanne, L'Age d'Homme, 1973).
Effectivement comme Cézanne, le travail de M.Dibble ne suit pas l'itinéraire de l'illusionnisme académique, il se veut fondamental, réveille un chant endormi en tout chose, pour que l'œuvre devienne une sorte d'événement-avènement.
Déjà dans le fait de s'attacher à des thèmes mythologiques cela doit être compris chez M.Dibble comme une tentative de privilégier les questions universelles. Au plus profond de son œuvre se dissimule un ordre caché, l'espace s'ordonne malgré un désordre apparent selon une logique intérieure grâce à une animation interne et une architecture organique.
Dans toutes les grandes œuvres on découvre la même réalité comme le décrit notamment Ehrenzweig:
« L'attaque de la déraison contre la raison » et où paraît un ordre nouveau, « un ordre caché dans la structure de l'art ». (livre d'Ehrenzweig - l'ordre caché de l'art)
Rothko également pensait que l'art doit aller plus loin:
« L'amour de l'art est une "noce des idées » (...) le point crucial n'est pas pour nous l' « explication », mais la question de savoir si les idées essentielles que doit communiquer le tableau ont quelque importance. »
Il voyait dans son travail de peintre comme une force mystique à l'œuvre. Ainsi les expansions chromatiques, les surfaces de couleur, étaient douées selon lui d'une véritable puissance surnaturelle.
Et bien souvent pour arriver à ce point de non retour, il faut selon la formule du poète Henri Michaux « crever la peau des choses » et tout cela « pour revenir, selon mot de Husserl, aux choses mêmes. »
« Pig Iron » se présente comme la manifestation de ces mondes originaires, la fonte en fusion comme sortant directement des entrailles de la terre. Mais au-delà, le peintre nous renvoie à une réalité autre, celle d'un combat entre monde et terre, entre l'éclaircie et la réserve
Peintre de l'absolu, M.Dibble demande à l'art de lui révéler l'absolu de l'être. C'est pourquoi cette toile est ravagée par le trop plein de pulsions, la massivité, la débauche et la violence des touches pour provoquer violemment la matière afin qu'elle lui dévoile le caché, le non-dit.
Cette agressivité se manifeste notamment par ces gestes de libération sur la toile, par les lacérations du pinceau, du couteau de la spatule ou de la brosse. Le peintre semble se livrer au chaos des sensations, chaos qui fait chavirer les choses, donne l'illusion du mouvement en restituant en quelque sorte les ondes de choc du big-bang universel.
Comme Cézanne, il cherche en peinture l'organisation, le fondement des choses semblable aux assises géologiques du monde. Le maître d'Aix-en-Provence voulait un art du durable, du solide et était en quête permanente de l'aspect consistant et intemporel de la nature.
Ici par ce tableau qui est censé reproduire la coulée de la fonte à la sortie d'un haut fourneau, le peintre vise aussi à rendre la profondeur du fond où celle-ci surgit. Par équivalence avec l'être, il s'agit de restituer cette profondeur d'être.
Grâce à cette œuvre qui fait sourdre cette fonte en fusion, le peintre nous conduit à dépasser la simple expérience perceptive, pour la rajeunir constamment et devenir comme le troisième œil, une vision de portée métaphysique.
Cela rejoint l'analyse de Martin Heidegger qui considère que seule l'œuvre d'art permet le dévoilement de l'être.
« L'art fait jaillir la vérité. D'un seul bond qui prend les devants, l'art fait surgir en tant que sauvegarde instauratrice, la vérité de l'étant.
Faire surgir quelque chose d'un bond qui devance, l'amener à l'être à partir de la provenance essentielle et dans le saut instaurateur, voilà ce que nous signifie le mot origine. » (Origine de l'œuvre d'art de Martin Heidegger)
Curieusement cette révélation de l'être nous renvoie aussi à la Grèce antique, foyer de la mythologie qu'affectionne particulièrement M.Dibble. En effet un certain Parménide, qui est un philosophe pré-socratique disait déjà l'essentiel par ces quelques mots qui ont l'air tout simple: « l'être est; le non-être n'est pas ».
En disant ces quelques mots Parménide résume toute cette question de l'être qui selon Heidegger avait été oubliée dans l'histoire de la métaphysique. Mais pour le philosophe allemand, cet oubli de l'être n'est pas une simple négligence de la pensée, mais fait partie de sa structure même.
Pour lui la pensée occidentale ne laisse pas être l'être. Seuls les peintres et Cézanne notamment permettent véritablement de faire advenir la vérité de l'être des étants.
D'où cette fameuse déclaration de Cézanne: « Ce que j'essaie de vous traduire est plus mystérieux que tout. C'est l'enchevêtrement aux racines mêmes de l'être, à la source de l'impalpable sensation »
C'est pourquoi, au contact de « Pig Iron » on peut entrevoir cette éclaircie de l'être, en appréhendant l'œuvre d'un autre regard et éprouver cette impalpable sensation.
Metz, le 11 juin 2010.
Christian Schmitt
2) In English
PIG IRON by MATTHEW DIBBLE - Review by Christian Schmitt (English)
Matthew Dibble started painting relatively late in life, despite having always drawn since age 13. He began drawing using India ink and has remained fascinated by this dark liquid.
Later, he tried several times to take up painting; however, he often found it too demanding and eventually went back to drawing.
He felt that what he depicted in his small drawings were often times more intense and profound that what he could portray in his large canvases. And it was only recently that he felt truly capable of transposing his greatest aspirations to large paintings.
Furthermore, his early canvases often covered themes and images from mythology that he had already elaborately developed in his drawings.
Now, with the painting "Pig Iron" and others from 2008, Matthew Dibble seems to mark the start of a new turning point in his work leading him to completely abstract paintings. This painting is surprising due to the abundance of paint and violence exhibited. Paint constantly pummeled and lacerated by the painter and which sadly shows a wounded and devastated world.
In doing so, Matthew Dibble returns to the school of abstract expressionism, which has had a strong presence in American painting since World War II.
In fact, the new direction that he has taken surprisingly resembles that of Rothko who, in 1946, with a new series of paintings called Multiforms, would also develop an abstract language in his paintings. He has also previously lived through a period marked by mythological themes.
The same Rothko started out painting shapes like organs giving as a pretext that "my art is not abstract; it lives and breathes." Furthermore, "...Any picture which does not provide the environment in which the breath of life can be drawn does not interest me."
De Kooning himself also excelled in abstraction. Even after the war, he quite often continued to mix abstraction and figuration; however, in the 1950s, he would firmly turn to abstract and gestural painting with large brush strokes resembling gestures of liberation.
In this school of abstract painting in the U.S., Jackson Pollock must not be forgotten. Pollock, however, distinguishes himself by action painting, by gestural painting which primarily characterizes his work. Far from being only a technique, gestural painting allows the painter's work to be objectified.
"Dripping" allowed him to resolve the antinomy between the color and stroke, to unite form and color, drawing and painting in the same spreading gesture. In short, thanks to this method, Pollock's painting is becoming spontaneously one.
However, none of this is present in Matthew Dibbles work, because if the "Pig Iron" painting is indeed a part of the sphere of influence of abstract expressionism as previously described, it cannot be connected to Action Painting.
Loaded with an overwhelming number of impulses, this work remains in fact decisively abstract due to its torturous look. But since the painter still uses a brush or some other instrument that he applies directly to the canvas, there is no objectification like there is in Pollock's painting.
This is a dark painting, having generous amounts of pigments distributed with aggressive brush strokes of heavy, violent colors. It is slashed everywhere with large zigzagging, crisscrossing brush strokes.
You can also see large knife strokes, from the spatula or the brush which notably lead to the creation of a deep gap in the middle of the painting and numerous areas of flat tints.
The spatula or knife at times brutally slashes the canvas, skinning it alive and even depriving it of its substance. In certain areas (at the top and bottom of the painting), it is at times literally decimated.
The result of this violence leads to the creation of pockets of paint appearing here and there resembling piles of snow appearing, which once dry creates a sort of tumulus or crater. All these sporadic heaps of paint give birth to the surface of the canvas similar to the surface of the moon.
The title "Pig Iron" which can be translated into French by the melting obtained by fusing iron ore in blast-furnaces justifies the particular painting techniques used in this canvas. Cleveland, the city where the painter lives, was an important industrial centre up until the second half of the twentieth century before undergoing a restructuring into the financial and insurance sectors.
Matthew Dibble thus lived a large part of his life surrounded by this heavy industry and by the intense activity of the blast-furnaces, steel mills and rolling mills that were part of his daily setting. All this must have equally been his inspiration for certain scenes from mythology such as the works of Vulcan, the god of fire.
Moreover, the melting obtained by fusing iron ore in blast-furnaces, iron ore which itself is pieces extracted from the earth forces us to participate in a show that resembles the birth of the world.
The colors contribute to this original world by the use of darker, more mysterious pigments: a dreary palette pulling towards grey and muddy brown. But also the green that springs up from the central gap and a range of other tints which appear by sporadic brush strokes but without bringing any real clarity to the group of colors (pink on the right, blue on the left and other nuances of brown, red...).
By darkening the composition, the color helps to make it even more impermeable and dense, also concealing its interior liveliness.
This original space painted by Matthew Dibble brings to mind what Henri Maldiney said about certain scenes painted by Cézanne:
"The sub-spatial scheme of every space, the sub-cosmic scheme of every world, that is, a metaphysical deepness" (Maldiney Henri, The ambiguity of the image of the painting, Paris-Lausanne, L'Age d'Homme, 1973).
Indeed, like Cézanne, M. Dibble's work does not follow the path of academic illusionism, it claims to be fundamental, wakes up a dormant song in all things, so that the work becomes a sort of event arriving.
Since M. Dibble follows mythological themes, this must be understood in his works as an attempt to favor universal issues. There is a hidden order deep within his work. Despite an apparent disorder, the space is organized according to an internal logic thanks to an internal animation and an organic architecture.
In all major works, you find the same reality that Ehrenzweig describes:
"The assault of irrationality against rationality" and where a new order appears, "a hidden order in the structure of art." (Ehrenzweig's book - The Hidden Order of Art)
Rothko also thought that art must go deeper:
"The love of art is a ‘feast of ideas'... the crucial point for us isn't the explanation, but rather knowing if the essential ideas that the painting must communicate have any importance."
He saw a mystical force in his painting. The chromatic expansions, the areas of color, they possessed according to him a real supernatural power.
And quite often to get to this point of no return, you must, according to the poet Henri Michaux "pierce the skin of something" just to "in the words of Husserl, return to the very thing itself."
"Pig Iron" is the manifestation of these original worlds, the melting by fusion coming directly from the bowels of the earth. But beyond that, the painter sends us to different reality, one in which the world and earth, light and reservation fight.
Painter of the absolute, M. Dibble requires that art reveal to him the absolute of being. This is why this painting is ravaged by an abundance of impulses, the massiveness, debauchery and violence of the brush strokes to violently provoke the paint so that the hidden, the unsaid is unveiled.
This aggressiveness is created particularly by the gestures of liberation on the canvas, by the lacerations from the knife, the blade of the spatula or the brush. The painter seems to surrender himself to the chaos of sensations, chaos which overwhelms things, gives the illusion of movement while reproducing in some way shockwaves from the universal big bang.
Like Cézanne, he is looking for organization within a painting, the fusion of like things to the geological foundation of the world. The master of Aix-en Provence wanted durable, solid art and was constantly searching for the substantial and timeless side of nature.
Here with this painting, which is supposed to reproduce the melted flow coming out of a blast furnace, the painter also aims to convey the depths this flow. Comparable to the being, it deals with restoring the depths of the being.
Thanks to this work which makes the melting by fusion take shape, the painter leads us pass the simple, superficial experience to make it constantly younger et become like a third eye, a vision from a metaphysical scope.
This falls in line with the analysis of Martin Heidegger who believes that only the work of art allows the being to be unveiled.
"Art makes the truth spew out. Taking the initiative with a single step, art brings the truth to light, while protecting the truth of the coming-to-be. Bringing something to light, bringing it to being from the essential origin and the initial leap, this is what the word "origin" means to us." (The Origin of the Work of Art by Martin Heidegger).
Oddly enough, this revelation of being also sends us to ancient Greece, home of the mythology that M. Dibble is particularly fond of. In fact, Parmenides, a philosopher who preceded Socrates, already said it best with these seemingly simple words: "the being is; the non-being isn't."
With these words, Parmenides sums up the question of being which according to Heidegger had been forgotten in the history of metaphysics. However, for the German philosopher, forgetting the being is not a mere negligence in thought, but rather a part of its structure.
For him, Western thinking does not let the being be. Only painters and Cézanne particularly really allow the truth about the being and the coming-to-be to come about.
From this famous statement by Cézanne: "What I am trying to convey is more mysterious than anything. It's the labyrinth of the roots themselves of the being, at the source of impalpable sensations."
This is why we can catch a glimpse of the being when looking at the painting "Pig Iron", while understanding the work from another standpoint and feeling this impalpable sensation.
Metz, June 11, 2010
Christian Schmitt.