Mon ami Jean
"Mon ami Jean" vient de paraître aux éditions Jalon
©Raoul Liboj, photographe de Presse
Le livre débute le 6 mai de l’année 1991 lorsque Edouard Dermit, invité par le Maire de Bouligny, une cité minière de la Meuse pour des retrouvailles entre anciens , décida de se rendre également à Metz, ville distante de 60 kms pour revoir les vitraux de l’église Saint-Maximin réalisés par son ami Jean.
En fait l’ami Jean n’est autre que le célèbre Jean Cocteau et l’auteur de l’ouvrage donne la parole à Edouard Dermit ancien mineur de fond de Lorraine qui relate in extenso toute sa vie commune avec le poète.
Mais avant de retrouver les vitraux de son ami, Dermit a d’abord la désagréable surprise de découvrir la ville de Metz qui n’est plus la même que celle qu’il avait connue dans sa jeunesse et notamment le quartier du Pontiffroy.
"Ne reconnaissant plus ce quartier, tellement il m’apparaissait différent puisque totalement métamorphosé.
À tel point transformé, puisque le cœur avait été détruit, et par conséquent il perdait à mes yeux à la fois son identité et son âme…
Heureusement le quartier Outre-seille où se situe l’église Saint-Maximin avait été miraculeusement épargné !
Visitant l’intérieur de l’église, E.Dermit ne peut retenir ses larmes en pensant à son ami Jean et à leur histoire commune qui avait conduit à la réalisation de ce chef-d’oeuvre.
Mais rien ne le prédestinait en fait à rencontrer Jean Cocteau !"
Edouard Dermit et Jean Cocteau
« Avant de nous rencontrer, Jean était déjà un homme de lettres et un artiste à multiples facettes très connu et il habitait principalement la capitale. Moi, en revanche, je n’étais qu’un mineur de fond d’un petit village perdu de Lorraine… »
En réalité, avant même la rencontre avec Cocteau, Dermit ressentait déjà le besoin de s’extraire de sa condition de mineur lorsqu’il commença à peindre.
« Cette nouvelle passion ( la peinture) intriguait d’ailleurs beaucoup mes amis. J’étais devenu pour eux, l’artiste de la bande.
Dans ce monde de la mine, gris, triste mais aussi pétillant de vie, je me sentais proche du peintre Van Gogh. »
Comme Van Gogh vivant dans la région du Borinage, Dermit imaginait en effet suivre les traces de ce grand peintre, comme par mimétisme dans sa propre région minière de Bouligny.
Ensuite, après les années d’occupation de la seconde guerre mondiale, plus exactement au mois de juillet 1947, il profita d’un arrêt de travail pour aller visiter une galerie de peinture à Paris dans le quartier du Palais Royal.
Et c’est à ce moment-là qu’il fit la connaissance de Jean Cocteau accompagné de Jean Marais.
Cocteau lui parla alors de sa maison de campagne qu’il venait d’acheter à Milly-la-Forêt.
« Il aimerait bien que quelqu’un puisse l’aider dans les tâches quotidiennes d’entretien de la propriété.
Eh bien moi, dans la foulée, je n’ai pas hésité, j’accepte tout de suite d’être son homme à tout faire, sachant par ailleurs qu’il m’aiderait à devenir peintre ! »
Sa vie à Milly-la-Forêt aux côtés du poète allait alors totalement le transformer compte tenu son vécu initial.
Un jour chez Picasso en 1960, le jeune adjoint de l’architecte en chef des monuments historiques de Metz , un dénommé Jean Dedieu, était venu parler au maître espagnol de l’éventualité de réaliser des vitraux.
« À ce moment-là, mon ami Jean, ayant entendu parler des vitraux de la cathédrale de Metz, me donna un coup de coude, se leva et s’immisça aussitôt dans la conversation en disant : « Moi ça m’intéresse ! »
Pourquoi un tel intérêt soudain à vouloir réaliser des vitraux à la cathédrale de Metz ?
Sur le moment, j’étais un peu surpris, voire interloqué de constater son engouement soudain pour un tel projet ?
Ce ne fut que plus tard, que j’avais compris qu’il s’agissait d’un acte d’amour de sa part.
En réalisant une telle œuvre à Metz, il voulait en réalité concrétiser son amour pour moi. (Cocteau connaissait le pouvoir d’attractivité qu’exerçait cette ville sur son ami !)
Jean ne pouvait écrire, tourner des films, dessiner que par amour pour un autre. »
Même si Cocteau ne sera pas retenu en définitive pour la cathédrale, il réalisera toutefois des vitraux ailleurs, dans la petite église de Saint-Maximin qui se situe également à Metz.
Réalisant ainsi dans cette métropole lorraine , son dernier grand chef d’oeuvre dépassant de loin tout ce qu’il avait pu réaliser dans ses différentes chapelles antérieures.
Son premier admirateur, Robert Renard, l’ancien architecte en chef des monuments historiques, ne cessera d’ailleurs de marteler cette phrase prophétique avant de partir en retraite:
« Un jour viendra où le public rendra hommage aux vitraux de SAINT-MAXIMIN de Metz » !
Participant donc pleinement à cet hommage, « Mon ami Jean » a en plus la prétention de faire découvrir un véritable poème coloré , car toute la science que l’on découvre dans ces vitraux (mythologie, alchimie, kabbale, occultisme …) fleurit toujours en poésie.
L’ouvrage est en vente en ligne sur Amazon:
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Edouard Dermit rencontre fortuitement le 28 juillet 1947 Jean Cocteau dans une galerie d'art parisienne dans le quartier Palais Royal. Il avait seulement 22 ans ! Voici un extrait de mon livre "Mon ami Jean" (page 42) qui vient de paraître aux éd. Jalon.
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"Au fil de la discussion, reprenant confiance, j’osai enfin le regarder et me risquai même à plonger mon regard dans le sien, avide de m’y perdre à jamais.
Son regard m’irradia véritablement. Très vite aussi, quelque chose d’inexprimable que je ne saurais définir m’attirait vers lui. Et réciproquement, lui aussi avait dû ressentir la même chose à mon égard.
Certes, ma jeunesse et mon physique de l’époque, avaient dû susciter l’intérêt du poète. J’étais blond comme un chérubin, avec un regard d’une profondeur bleutée.
Mais les apparences n’expliquaient pas tout, car Jean Cocteau ressentait souvent les choses différemment, pas comme le commun des mortels, car il croyait lui aussi beaucoup à la prémonition.
Un jour il m’avait dit : « J’avais prévu ton arrivée. Après le départ de Jean Marais, j’étais seul dans ma nouvelle demeure mais j’étais confiant, car je ne serai pas longtemps esseulé, j’attendais un nouvel ange, que j’appelais déjà Cégeste ! »"