PEACE de J.PAJUNK
"Peace" (acrylique et technique du bombage sur papier, 32 x 22 cm, 2010)
“Peace” est une œuvre étonnante réalisée par Jackson Pajunk en 2010. Elle nous introduit dans les enlacements et méandres qui valent en images les bouillonnements et labyrinthes de Pollock.
L’acrylique qui tapisse le fond de l’œuvre est utilisé généreusement laissant parfois apparaître quelques épaisseurs. Au centre, le jaune ocré occupe avantageusement l’espace mâtiné dans certains endroits de rouges profonds, de roses ou de bleus. Par contre des nuances nettement bleutées sont visibles aux deux extrémités de la composition (le haut et le bas de l’œuvre).
Tous ces ensembles colorés paraissent entre eux inorganisés mais fort heureusement cette arabesque de lignes blanches dessinées à grands traits sur cette composition harmonise le tout. Elle constitue en quelque sorte la charpente de l’œuvre.
Déjà dans « La vie est comme une peau de banane » des lignes noires encadraient et structuraient la composition. Mais ici par contre il ne s’agit que de lignes blanches. Par ailleurs même si elles s’enlacent et se tortillent, elles semblent beaucoup plus maîtrisées et moins anarchiques.
Dessin, couleur et forme sont portés à leur acmé … sans motif central, tout atteint une harmonie comme l’aboutissement d’un long cheminement du créateur.
Certes cette maîtrise du trait n’empêche nullement une certaine liberté voire la fête : l’enchevêtrement de lignes géométriques crée une dynamique dissonante et joyeuse grâce à cette géométrisation des formes.
A l’évidence on pense à l’arabesque de J.Pollock (Number 13A :1948). Mais celle-ci semble moins structurée, moins géométrique par rapport à l’œuvre « Peace » de J.Pajunk. En effet les giclures blanches qui envahissent l’œuvre de ce grand peintre américain et qui apparaissent de manière spontanée sont de fait plus désordonnées.
Par contre chez J.Pajunk, l’arabesque est le fruit d’une affaire menée avec réflexion. Elle ressemble davantage à une écriture peinte, à des symboles de type hiéroglyphe s’apparentant à des formes anciennes voire mythologiques. D’ailleurs on croit discerner certaines figures mythiques derrière quelques enlacements.
Ainsi ce peintre allemand se détache nettement de l’influence de Pollock alors que celui-ci a tendance à abandonner les exigences de la forme pour se jeter dans l’informe.
Pajunk ordonnance rigoureusement son œuvre selon une architecture parfaitement calculée.
Grâce à l’arabesque, il opère dans cette œuvre une réduction des formes et des concepts aux éléments primaires du signe.
Il réussit à créer une forme hybride entre peinture et écriture… un langage empruntant les signes utilisés par les civilisations anciennes. Son œuvre s’apparente à un travail de déconstruction de la peinture elle-même par un essai de purification de la forme, de la couleur et de la ligne.
Mais pourquoi avoir donné le titre de « Peace » à cette œuvre ?
En fait c’est grâce à cette écriture picturale particulière que J.Pajunk réussit justement à apaiser les tensions, les mouvements incontrôlés de l’action painting pour revenir à la maîtrise et au contrôle de l’œuvre et dans une certaine mesure de soi-même.
C’est l’apaisement des tensions : la paix retrouvée grâce à un exercice similaire à celui pratiqué lors d’une séance de yoga.
Et tout cela conduit à faire prédominer la forme sur la couleur comme si l’artiste peignait en dessinant ou dessinait en peignant. Cette évolution est dans la lignée d’un Matisse ou d’un Keith Haring.
J.Pajunk réussit cette œuvre en lui permettant d’éclore la beauté sans artifice et apparat dans la liberté la plus totale grâce à cette surprenante arabesque. Celle-ci loin d’apparaître comme un carcan ou un labyrinthe est au contraire nécessaire au surgissement de la beauté et de la vérité.
Tout cela donne raison à un certain John Keats qui disait notamment :
« La beauté est vérité et la vérité, beauté. C’est tout ce que vous savez sur terre et tout ce qu’il faut savoir. »
Christian Schmitt
Metz, le 14 juillet 2010
DEUTSCHE ÜBERSETZUNG VON “PEACE”
“Peace” ist ein erstaunliches Werk des Jahres 2010 von Jackson Pajunk. „Peace“ führt uns in ein brodelndes Labyrinth mit Umschlingungen und Mäandern hinein, das uns auf dem ersten Blick an die Welt des Jackson Pollock erinnert.
Für den Hintergrund hat der Maler dicke Schichten Acrylfarbe genutzt, die dem Werk an manchen Stellen eine dreidimensionale Erscheinung verleihen. Im Zentrum des Bildes dominiert das Ockergelb. Die gedeckte Herbstfarbe wird erstaunlicherweise von roten, leichten Rosa- und Blautöne unterbrochen. Tiefe blaue Töne sind nur an den Extremitäten des Werkes zu finden (ganz oben und ganz unten).
Auf dem ersten Blick erscheint die Farbkomposition eher disharmonisch. Glücklichweise hat der Maler die geniale Idee gehabt, eine Arabeske aus weißen, starken Linien als Verbindung aller Elemente zu verwenden. Das Bild wirkt daher interessant, ruhig und plötzlich harmonisch. Die weißen Linien stellen das Fundament des Werkes dar.
Wie bei einem früheren Werk „La vie est comme une peau de banane“ hat der Maler ebenfalls Linien verwendet. Diese waren aber schwarz etwas unkontrolliert und umgarnten die komisch-tragische Welt des alltäglichen Lebens.
Die weißen Linien von „Peace“sind hingegen strukturiert, geometrisch, stark und elegant. Sie bewegen sich durch das Werk wie ein Faden, der alle Elemente bis zur Vollendung der kreativen Arbeit des Künstlers verbindet.
Die strukturierten, geometrischen weißen Linien verhindern nicht, dass man sich bei der Betrachtung des Werkes frei und leicht fühlt. Man befindet sich mitten in einem fröhlichen Fest der Farben und Formen ohne dass diese schrill oder laut wirken…
Sicher denkt man bei „Peace“ sofort an die „Arabeske“ von Jackson Pollock (Nummer 13A, 1948). Aber diese erscheint, verglichen zu „Peace ohne Struktur und Geometrie. Die weißen Farbkleckse von Jackson Pollock, die das ganze Bild des großen amerikanischen Malers übersähen, sehen aus wie ein Produkt des Zufalls. Die Arbeit von Jackson Pajunk hingegen, ist das Resultat einer langen Reflexion.
Die weißen Linien von „Peace“ sind wie eine alte Schrift voller Symbolik wie Hieroglyphen und erinnern uns an die antike Mythen alter Kulturen. Konzentriert man sich lange auf das Bild, hat man wirklich das Gefühl das mythische Wesen aus den Mäandern und Schlingungen uns auf mysteriöse Weise spöttisch zuwinken. J. Pajunk ist ebenfalls ein Humorist.
Der deutscher Maler J. Pajunk unterscheidet sich also deutlich von J. Pollock. Der amerikanische Künstler verlässt die Formen zu Gunsten des Zufalls. Bei Pajunk wird die Farbe von der Form unterbrochen, die Form ist strukturiert, bedacht und architektonisch gestaltet. Die Arabeske dient der Vereinfachung der Formen und Konzepte in Richtung Einfachheit der Elemente wie bei Zeichen und Symbolen.
Pajunk hat es möglich gemacht, eine Verschmelzung der Farben, Formen und Schrift zu erreichen. Es ist eine neue Sprache, die die Symbolik antiker Zivilisationen zum Leben erweckt. Sein Werk ist eine Negation der Malerei zu Gunsten der Reinheit, der Formen, Farben und Linien.
Warum der Titel „Peace“ ?
Dank seiner speziellen Technik und Komposition hat J. Pajunk es geschafft, die Gemüter zu beruhigen. Er versucht anhand der Kunst seine eigene innere Ruhe zu finden und das unkontrollierbare seiner Persönlichkeit in harmonische Bahnen zu lenken.
Das Werk ist der Versuch, die Spannungen in der Welt zu lösen. „Loslassen“ heißt seine Devise. Solche spirituellen Übungen werden auch bei Yoga-Sitzungen praktiziert.
Die Form dominiert die Farbe. Der Künstler zeichnet beim Malen oder malt beim Zeichnen. Diese Technik ist ähnlich wie die von Keith Haring oder Matisse.
J. Pajunk kann die natürliche Schönheit der Freiheit durch diese erstaunliche weiße Arabeske spürbar zu machen. Die Linie stellt keine Barriere dar, es ist kein Labyrinth aus dem man nie mehr herauskommt. Nein, es ist die Voraussetzung für das Erscheinen der wahren Schönheit und Vollkommenheit, die frei von jeglichem Zwang ist.. Seine Botschaft ist positiv und voller Hoffnung.
John Keat hat mal gesagt:
„Schönheit ist Wahrheit, und Wahrheit ist Schönheit. Das ist alles, was die Menschen wissen und was sie auf dieser Erde wissen sollten“
Christian Schmitt
Metz 14.07.2010