YAZE YASSINE

 

Dans l'atelier De Yaze Yassine à Paris le 25 juin 2010.

 http://espacetrevisse.e-monsite.com/pages/expositions/yaze-oeuvres-recentes.html 

D'origine algérienne et italienne, Yassine "Yaze" Mekhnache est né en 1979 à Lyon.

Autodidacte, il a bénéficié de l'enseignement de l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon de façon informelle. Il vit et travaille à Paris depuis 2004.

"Yassine Mekhnache, alias Yaze, attaque les toiles avec fureur, précision et économie de moyens. Il les inonde de sa personne, les recouvre de son être, n'hésitant pas à se prendre pour modèle. Entre peinture gestuelle et autoportrait, il écrit  à l'encre de sa sueur.

Yaze est peintre par nécessité. Habité, il pense, mange, boit et vit peinture. Cette obligation transparaît à tout moment dans ses toiles, autant dans leur gestualité que dans leur lente préparation. En perpétuelle mutation, son oeuvre ne cesse d'évoluer au gré des rencontres et des propositions de travail.

 


Chaque exposition est l'occasion d'une remise en question. Volubile et impatient, il se retranche derrière une ascèse volontaire pour mettre sa création en jachère. Ce chômage technique le met sous pression, lui insuffle l'énergie nécessaire pour être prêt le jour de l'exposition. En deux semaines il produira ce qu'il a mis six mois à imaginer et à ressasser. Il se nourrit de sa propre frustration. Il puise sa force de son manque de peinture.

Cette phase finale est le sommet immergé de l'iceberg. En amont, son travail préparatoire s'élabore à tous instants. Il immortalise sur son carnet de bord ses feuilles de route, comme autant de directions à suivre. Cartes marines guidant sa destinée, elles lui permettent de tenter l'aventure, de procéder à des expériences, comme autant d'occasions de prendre le large".

Extrait d'un texte de Pierre-Evariste Douaire, 2008

YAZE OU LA DECHIRURE - Par Jacques Bouzerand

S'il me fallait évoquer d'un mot le travail de Yaze, j'emploierais abruptement celui de « déchirure ». Je ne sais pas si cela convient tout à fait pour rendre compte d'une œuvre en devenir et déjà imposante. Mais c'est ce qui d'emblée me vient à l'esprit devant ces immenses portraits à la fois tracés et détruits, construits et biffés, sous-jacents et enrichis de cicatrices, mais toujours présents, obsédants, dans leur vigueur initiale. Ils sont doubles d'apparence comme si leur sens ne pouvait apparaître que dans l'addition de deux éléments contradictoires et d'un même coup complémentaires. Deux éléments : un dessin (un dessein), et une existence. Fulgurances du rouge sang, éclats de feu de l'orange, évidences terrestres de l'ocre, nacres des blancs qui viennent se superposer aux traits précis du tracé noir. Parfois l'écriture dans sa magie apporte une note discrète et nécessaire. Mystérieuse aussi.

On perçoit dans ce torrent créatif une violence que l'artiste a déjà expurgée sur les façades, espaces verticaux et libres des villes, les murs lépreux des parkings et noircis des gares. Les graffitis, les tags ont été les premiers exercices d'écriture de Yassine « Yaze » Mekhnache. Comme pour Jean-Michel Basquiat qui débutait dans les rues de Soho la saga cruelle et envoûtante de Samo avant qu'Andy Warhol lui donne le goût de peindre sur des toiles. Par certains aspects, en lisant ses tableaux impressionnants, je situe Yaze dans la famille des immenses artistes que sont pour moi Cy Twombly –où le non-dit, le suggéré, créent la poésie ; Georg Baselitz –dont la puissance renverse les normes ; Yan Pei-Ming –qui traduit la sauvagerie du Monde…Il y a pire fréquentation… 

Yaze a sublimé son apprentissage rugueux de l'art de la rue. Il maîtrise ses pulsions en les canalisant sur ses immenses pages blanches que sont ses châssis. Mais l'art naît dans la contrainte comme l'assurait André Gide. Et dans les contraintes qu'il s'impose Yaze laisse vibrer sa furie personnelle. C'est elle qui nous importe. Que dévoile t-elle ? Que cache t-elle ? Que nous dit-elle ? De lui, du monde dans lequel nous vivons ? Le peintre n'a pas besoin des mots pour nous convaincre de sa passion du monde. Pour nous suggérer ce qu'il ressent, ce qu'il souffre, ce qu'il aime. A 26 ans, par sa peinture, qui est son arme de défense et son langage, Yaze nous impose sa vérité. Elle est bouleversante. 

Dans son exposition organisée par la galerie Moretti et Moretti à l'Espace Beaurepaire à Paris, Yaze prend appui sur une toile de Didier Chamizo, « La Cène », qui figure un curieux banquet où la société de consommation, la société occidentale, se repaît en technicolor sous l'œil avide et les armes menaçantes des « exclus de la vie » relégués dans leur grisaille. Yaze interprète à sa manière cette fable, pour y inscrire, pour y faire vivre sa propre façon de peindre. Cette confrontation crie.

Jacques Bouzerand

Pradines, octobre 2006


YAZE OR THE TEAR


a text by Jacques Bouzerand, art critic, 2006

 
If I had to evoke YAZE work in only one word, I would, abruptly, use "Tear".I am not sure it is the most appropriate to give an account of an already impressive and growing work. But this is what comes immediately to my mind, in front of these huge portraits, all together laid out and destroyed,built and struck out, subjacent and enriched with scars, but always present,obsessive, in their original vigor. (...)

One can feel in this torrent of creation a violence that was previously expurgated by the artist on the fronts, vertical and free spaces of the cities,on the leprous parking and blackened station walls. Graffiti, tags, have been Yassine "YAZE" Mekhnache first writing exercises.

As for Jean-Michel Basquiat when he started in Soho streets the cruel and bewitching Samo saga, before Andy Warhol gave him the taste for cloth painting.

In certain ways, while reading his impressive paintings, I place YAZE in what is for me the family of immense artists like CY Twombly -where what is unspoken,suggested, creates poetry, Georg Baselitz -whose power knocks down all norms, Yan Pei-Ming -who translates the savagery of the World...there could be worse company...

YAZE has sublimated his rough learning of street art. He masters his pulsions by canalizing them on the huge white pages of his frames.
 

But art is born out of constraint, ensured André Gide. And in his self-imposed constraints, YAZE thrills his own personal fury.

This is what matters to us.What does it unveil? What does it hide? What does it tell us? About him,about the world we are living in? The painter does not need words to convince us of his passion for the world. To suggest what he feels, what he suffers, what he loves.

At 26, through his painting, his defensive weapon and his language, YAZE imposes his truth upon us. It is truly moving.


 Dans son atelier en juin 2010...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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