Drifting d'Olivier Valsecchi

Drifting d'Olivier Valsecchi

Les images sont accompagnées d'un petit texte de présentation signé Eve Janprasert, directrice de Opiom Gallery.

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La nouvelle série Drifting d'Olivier Valsecchi propose une traversée onirique dans l'histoire de l'art et revisite les codes de la figure classique du nu couché en les superposant à ceux de la nature morte hollandaise du XVIIe siècle.
 
Dans un style à la fois baroque par sa tonalité et épuré dans la composition, Valsecchi donne chair à la Vanité et s'affranchit de la multitude de motifs symboliques propre au genre afin de placer le corps humain en principale allégorie du tableau. Il décroche ainsi le nu couché de sa lascivité en le ranimant par la tension de mouvements contradictoires : le corps semble à la fois stagner et fuir, tel le sable s'écoulant dans la clespydre. 

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Conversation entre la table de dissection de la Leçon d'anatomie du Docteur Tulp de Rembrandt et le Radeau de la méduse de Géricault, Drifting offre en pâture des corps enchevêtrés pêle-mêle, comme repêchés in extremis du naufrage. En transit, exorcisés, épileptiques, parfois même mutilés tels des reptiles coupés en deux qui continuent de s'agiter, ils semblent s'effondrer ou vouloir s'échapper dans un courant, résister à une certaine paralysie ou encore s'abandonner à la transe.
 
En élaguant toute forme de luxe et d'opulence, Valsecchi propose une représentation elliptique de l'eau à travers la chair et ce qui l'entoure. La table est tour à tour radeau à la dérive ou buffet froid sur lequel les corps pâles et fluides se liquéfient et fondent tels les montres molles de Dali, évoquant ainsi la vie fugitive, l'impermanence de chaque instant.

La blancheur cadavérique de leurs peaux veloutées, leurs visages dénués d'expression, contrastent avec leur dernier effort d'évasion vers un ailleurs, insinuent un flottement entre abandon extatique et instinct de survie : un ultime spasme, une petite mort

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L'auteur crée ainsi un espace ténu entre immobilité et glissement, confrontant l'inertie au sentiment de devoir aller quelque part malgré soi. Un jeu de paradoxes propre au photographe qui présente Drifting comme une médiation entre ses deux précédentes séries : le traitement pictural, tout en clair-obscur de Dust (2009) et une architecture du corps poussée à l'extrême dans Klecksography (2012).

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Memento mori photographique, Drifting évoque de par son titre même un déplacement inexorable comme une transition d'un état à son suivant. Valsecchi relate avec justesse et poésie la fine passerelle reliant l'incarnation à la désincarnation. Il pointe sans détour aucun cet entre-deux proche de l'indicible expérience de mort imminente, cet état second énigmatique, sublime et éphémère, semblable au délire mystique, devant lequel le spectateur est invité à se recueillir.

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"Chaque instant te dévore un morceau du délice / A chaque homme accordé pour toute sa saison." (L'horloge dans Les Fleurs du Mal, Baudelaire).

pour voir la série complète : www.oliviervalsecchi.com

Olivier Valsecchi est représenté par by Opiom Gallery
info@opiomgallery.com
 
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