La Sainte-Chapelle

La Sainte-Chapelle retrouve l'éclat de ses vitraux

Depuis 2008, une vaste restauration des verrières de la Sainte-Chapelle à  a été lancée par le Centre des Monuments Nationaux (CMN) et le mécénat de Vélux. Sept des 15 baies aux 1 113 panneaux relatent depuis le XIIIe siècle, les scènes de l’Ancien Testament et la vie du Christ ont déjà profité d’un nettoyage et d’une remise en éclat.

Dans ce lieu si prestigieux, la haute technologie est utilisée : « Nous faisons une restauration artisanale des vitraux, selon les méthodes ancestrales, et nous y apportons une touche innovante, avec un double vitrage, pour assurer la pérennité de ce chantier », souligne Isabelle de Gourcuff, administratrice de la Sainte Chapelle.

La Sainte-Chapelle est le troisième lieu le plus visité de .

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La rosace s'épanouit

Quelle chance de pouvoir manipuler les vitraux de la Sainte-Chapelle! Dans l'atelier de VitrailFrance, au Mans, des centaines de fragments de la grande rosace sont posés sur de longues tables. Leur présence attire les historiens et les spécialistes, tous ceux qui sentent à quel point ce moment est magique. Tandis que certains observent les dessins datant des XIIIe et XVe siècles, d'autres nettoient et grattent les surfaces, mettant à jour une mèche de cheveux, le sabot d'un cheval ou des couleurs oubliées.

Noircie et abîmée par le temps - au risque du claquage -, la rosace de la Sainte-Chapelle n'est qu'un pâle reflet de ce qu'elle fut. Même le réseau de plomb qui sertit le tout, autrefois couvert d'étamine à des fins de brillance, est en train d'être refondu. «Il date du XIXe, et nous le remplaçons sans aucun remords», explique Emmanuel Putanier, maître verrier.

Après des mois de travail manuel, la rosace regagnera sa place en décembre, à 4 mètres de hauteur. Commandée par Saint Louis, largement refaite au XVe siècle, restaurée une première fois au XIXe, elle raconte l'Apocalypse de saint Jean en une kyrielle de panneaux. Elle est le faîte de la Sainte-Chapelle, entourée de grandes baies de vitraux, elles-mêmes partiellement restaurées depuis 2008.

Fréquentation record.

Le lieu fut construit sur l'île de la Cité pour abriter les reliques du Christ, dont la couronne d'épines. «À la Révolution, le grand reliquaire qui protégeait la couronne a été fondu, et la Sainte-Chapelle servit d'aire de stockage pour les archives du Palais de justice. Les baies d'origine furent cassées ou vendues», rappelle Christophe Bottineau, architecte en chef des Monuments historiques.

Désormais, on ne peut plus voir les reliques, joyaux de la Sainte-Chapelle, mais on en voit toujours l'écrin. «C'est lui qu'il faut désormais protéger», poursuit-il. Tout en rehaussant les vitraux, un système de double baie a été mis en place. Il permet d'éviter la condensation d'eau.

Et une meilleure aération est prévue à l'intérieur. Car le monument, qui constitue une étape touristique silencieuse dans le brouhaha parisien, est en passe d'être victime de son succès. L'année dernière, il a atteint une fréquentation record, avec 1 million de visiteurs. De manière un peu confuse, ils doivent traverser ce qui est actuellement le Palais de justice, croisant des avocats en robe et doutant jusqu'au bout d'être bien à l'endroit où ils voudraient être.

Le Palais de justice devant quitter les lieux en 2017, le Centre des monuments nationaux (CMN) aimerait pousser l'avantage et créer un vaste ensemble consacré au Moyen Âge, de la Conciergerie à la Sainte-Chapelle. Le CMN «guigne» notamment un couloir souterrain occupé par l'administration judiciaire, qui relie les deux monuments.

C'est une banalité de dire qu'il faudra trouver de l'argent pour ces éventuels travaux, mais qui sait? Les restaurations des vitraux et de la rosace ont été prises en charge pour moitié par un mécène, Velux. Fidèle depuis 2008, ce dernier a consacré 5 millions d'euros à l'œuvre voulue par Saint Louis.