La vie est comme ...de J.PAJUNK

 

« La vie est comme une peau de banane... » de Jackson Pajunk
(10/2009,huile sur toile, 40 x 40 cm)

1) Commentaires en français,  traduits ensuite  par Viviane Elbaz en allemand et enfin en anglais  par Ambar Servin. 

2) Kommentar in Französisch, dann ins Deutsche übersetzt von Viviane Elbaz und endlich ins English von Ambar Servin;

3) Commentary in French, then translated into German by Viviane Elbaz and finally in English by Ambar Servin.

 

1) Commentaires en français:

Cette peinture de petit format représente en condensé la vie au quotidien. L'artiste la représente sous forme d'une animation étonnamment désordonnée et débridée. On soupçonne à la limite derrière ce tumulte une peur irraisonnée voire panique. Car ici tout s'agite fébrilement, semble tourner en rond provoquant même une sensation de vertige... Et tout cela pour ressembler en définitive à quelque chose de bien éphémère ou dérisoire à l'image d'une peau de banane que l'on jette après avoir consommé son fruit oblong.

Or malgré cela, et c'est aussi tout le génie de l'artiste, la gaieté et la joie de vivre trouvent aussi leur place dans cette œuvre. C'est peut-être grâce à l'effet dynamique exercé par ces lignes qui s'envolent, s'enlacent et se tortillent sans fin. En réalité la ligne utilisée par le peintre est souvent épaisse, noire et brillante. Elle conduit à encercler voire à enchâsser ce microcosme comme pour le fixer de manière définitive dans un châssis ou un encadrement.

Tout cela n'empêche pas les couleurs chaudes, vives et chatoyantes de vibrer et même d'éclater librement (le rose, le rouge, l'ocre...et ce bleu mâtiné d'ocre pour fond d'écran).

Jackson Pajunk, qui signe cette œuvre, emprunte non sans raison le même prénom que son maître vénéré, Jackson Pollock et c'est pourquoi l'influence de ce peintre américain reste perceptible dans son travail.

En fait comme lui, il est avant tout un dessinateur avant d'être un fervent de la peinture.
En cela il se rapproche d'autres peintres américains de la génération de Pollock, je pense à Kline et à de Kooning par opposition à des peintres exclusivement de couleur qui sont Rothko et Newman.

On sent chez Jackson Pajunk l'âme d'un grand dessinateur qui s'amuse à tracer des lignes à l'infini. Cela se retrouve également dans le côté méticuleux de sa peinture

Par le trait en association avec des motifs abstraits et rythmés, l'artiste réussit à évoquer principalement la vitalité d'une action physique. Comme celle de la contraction d'un muscle en référence à l'enseignement de Benton qu'a reçu Pollock lui-même. Cela lui permettra notamment par les giclures en peinture de capturer l'image mouvante du cosmos.

Mais dans ce tableau point de giclures mais des enlacements et des méandres qui sont les équivalents en images des bouillonnements et labyrinthes de Pollock.

De plus grâce à une observation plus attentive de l'œuvre on va découvrir au centre, sur fond rose, une forme rougeoyante pouvant ressembler à un cœur. Cet organe est par conséquent à l'origine de toutes les pulsations et respirations de ce monde vivant. A l'évidence cela corrobore l'image de l'action musculaire déjà évoquée plus haut.

De fait ces mêmes pulsations et vibrations émises par cet organe participent par ailleurs à une impression quasi-musicale grâce à ces lignes dansantes. Tout pourrait concourir à l'impression festive et joyeuse de la scène peinte et pourtant un réel désenchantement sur la vie sourd puissamment de l'œuvre.

Celle-ci est en définitive un vrai labyrinthe fermé où certes tout n'est pas dit et reste encore à découvrir mais dont l'impression dominante reste l'enfermement et l'impossibilité de vivre de manière épanouie hors du carcan des contraintes (ce labyrinthe ne dispose d'aucune sortie !)

Les autres œuvres réalisées par J.Pajunk permettent de justifier cette analyse quelque peu pessimiste sur sa vision de la vie. Ainsi notamment les tableaux intitulés « Altagsdschungel », « C'est moi », « Cashworld », « Lovecrasch », « R Evolution » et « Von Stolz und Tod » qui sont tous empreints de cet expressionnisme allemand du début du XX° s.

Comme ses illustres prédécesseurs (Grosz, Dick, Nolde..), J.Pajunk réussit ce mariage « faustien » entre l'abstraction et l'expression. Il utilise souvent l'exagération, la déformation et le trait grotesque pour ces visages et têtes déformés. Il veut s'affranchir d'une peinture lisse, conventionnelle en adoptant volontairement et « brutalement » des formes exagérées.

Comme tout homme nordique assoiffé de spiritualité en quête d'un vrai retour au naturel, il faut peut-être comprendre l'œuvre de Jackson Pajunk comme une tentative pour déchirer le « voile entre lui et la nature » selon les termes employés par Wilhelm Worringer (« Abstraktion und Einfühlung » de 1908).

Même si l'œuvre « La vie est comme une peau de banane... » semble moins marquée en apparence par cette vision expressionniste du peintre, elle n'en demeure pas moins empreinte d'une volonté délibérée de s'affranchir d'une vie centrée sur elle-même : celle qui est le propre de la médiocrité bourgeoise et de la pensée matérialiste.

(Christian Schmitt, le 28 février 2010)

 

2)Deutsch Übersetzung von Viviane Elbaz:

« LA VIE EST COMME UNE PEAU DE BANANE »
Das Leben ist wie eine Bananenschale.
Jackson Pajunk - Février 2010 - Texte de Christian Schmitt


Das kleinformatige Gemälde wirkt auf den Betrachter wie eine Zusammenfassung unseres modernen Alltagslebens. Das Gemälde ähnelt einer Zeichentrickfilm-Animation, etwas chaotisch und ist nicht zu bändigen. Man spürt unter der Oberfläche, dass das Chaos gewisse Grenzen hat, die durch eine irrationale, fast panische Angst bestimmt werden. Die Welt dieses Gemäldes ist voller fieberhafter Bewegungen, alles scheint sich im Kreis zu drehen, dem Betrachter wird etwas schwindelig.

Ausgedrückt wird, dass die Dinge des Lebens sich stets verwandeln, wie eine Bananenschale, die nach dem Verzehr der langen Frucht einfach weggeschmissen wird. Nichts ist von Dauer.

In dieser Welt, und das ist das Geniale an diesem Künstler, haben Humor, Freude und Lebenslust auch ihren Platz. Dank der dynamischen Bewegungen der Linien, die endlos fliegen, sich drehen und sich zu verbinden scheinen. Die durch den Künstler verwendeten Linien sind oft dick, schwarz und glänzend. Diese Linien scheinen diesen Mikrokosmos zu umrahmen, um ihn paradoxerweise zu definieren und abzugrenzen.

Jackson Pajunk, der dieses Gemälde unterschreibt, hat sich den Vornamen, und nicht durch Zufall, von seinem geliebten Meister Jackson Pollock ausgeliehen. Der Einfluss dieses amerikanischen Meisters ist in seinem Werk deutlich zu spüren.

Genau wie Pollock, ist Jackson Pajunk zuerst Zeichner und dann Maler. Er nähert sich aus diesem Grund der amerikanischen Generation von Pollock, Kline und de Kooning im Gegensatz zu Koloristen wie Rothko und Newmann.

Man spürt bei Jackson Pajunk die Seele eines großartigen Zeichners, der sichtlich Spaß hat, seine unendlichen Linien in Bewegung zu setzen. Seine Malerei ist aber präzis und exakt.

Er schafft die Verbindung zwischen Abstraktheit und dynamischen, rhythmischen, physischen Bewegungen, die uns an eine Muskelanspannung - wie bei Benton, den Lehrmeister Pollock's - erinnern. Benton versuchte nämlich durch Farbkleckse die Bewegungen des Kosmos einzufangen. Jackon Pajunk nutzt hingegen kurvige Linien um den gleichen Effekt zu erzielen. Das Equivalent zu Pollocks Bildern ist seine Darstellung von Labyrinthen und brodelndes Leben.

Geht man tiefer in die Beobachtung des Bildes hinein, erkennt man das Zentrum des Gemäldes. Dieses steht auf einem rosa Hintergrund, es ist eine Art Herz, rot und vibrierend. Das Herz ist der Motor des Lebens in diesem Gemälde, dadurch pulsiert und atmet das Bild. Dies steht in Verbindung zu den oben beschrieben physischen Bewegungen.

Wie rhythmische Pulsationen und Vibrationen hat der Betrachter das Gefühl Tanzmusik zu hören. Man könnte dadurch geneigt sein, nur das positive humorvolle des Gemäldes zu sehen, dennoch bleibt die pessimistische Aussage des Bildes spürbar.

Das Leben ist wie ein Labyrinth, wo man viel entdecken kann und gleichzeitig eingegrenzt wird. Es gibt keine komplette Freiheit. Man hat den Eindruck eingeschlossen zu sein: das Labyrinth von Jackson Pajunk hat übrigens keinen Ausgang.

Andere Werke dieses Malers bestätigen die vorherige Analyse und unterstreichen: seine Vision des Lebens, wie z. B. „Alltagsschungel", „C'est Moi", „Cashworld", Lovecrash", R Evolution" und von „Stolz und Tod" Diese Werke weisen viele Gemeinsamkeiten mit den deutschen Malern des 20. Jahrhunderts auf.

Wie seine Vorgänger (Grosz, Dick und Nolde...) schafft Jackson Pajunk eine „Faust-ähnliche Verbindung zwischen Abstraktion und Expression. Er nutzt die Kunst des Übertreibens, der Umformung von Körpern und des Grotesken seiner Figuren und Gesichter. Er möchte auf keinen Fall glatt, konventionell und ordentlich wirken. Seine Expression ist gezielt, brutal und übertrieben.

Wie alle Nordmänner ist er durstig nach Spiritualität und auf der Suche nach dem Natürlichen. Vielleicht sollte man ihn Verstehen, als ein Künstler, der die Trennung zwischen der Natur abschaffen will, Analog zu Wilhelm Worringer („Abstraktion und Einfühlung" von 1908).

Auch wenn das Werk „La vie est comme une peau de banane" weniger von dieser Vision geprägt ist als andere seiner Werke ist das Bild der Ausdruck seines Willens, ein Leben zu führen, das sich nicht um sich selbst dreht, denn es ist der Inbegriff der Mittelmäßigkeit der Bourgeoisie und materialistischen Denkens.

 

3) Commentary in English by Ambar Servin.

 

LIFE IS A MERRY-GO-ROUND.

Jackson Pajunk - February 2010 - Text by Christian Schmitt



The small format painting appears to the observer like a summery of our daily modern life. It is similar to a
cartoon film animation, something chaotic and not easly tamed. Beneath it all, one feels that chaos possesses certain limits trough wich an irrational, almost panic like fera rules.

Like a fever of excitement, this painting is full of movement. Everything seems to be spinning around in circles, the viewer feels slightly dizzy. It expresses how change in life is imminent, like a banana peal which is tossed aside once the long fruit is eaten. Nothing is forever.

What is so remarkable about this artist is that; humour, joy, lust for life, also have their place in this world. Thanks to the dynamic movement of the lines, wich endlessly fly, twist and appear to reconnect.

The lines used by the artist are often thick, black and shinny. They appear to put their arms around this microcosm in order to paradoxly, define and restrain it. It is no accident that Jackson Pajunk, who signs this work, has chosen to borrow this name from his beloved master Iackson Pollock. The influence of this American master in his work is clearly noticeable.

Like Pollock, Jackson Pajunk is first and foremost an illustrator and then a painter. Bringing him close to the generation of Pollock, Kline and De Kooning in contrast to colourists like Rotho and Newmann.

In Pajunk one feels the soul of a great illustrator who clearly enjoys setting in motion his endless lines. His painting is however, precise and exact.

He attains the connection between abstract and dynamic, rhythmic and physical movement, which like Benton, Pollock's master, reminds us of the cramping together of muscles. Through drops of paint Benton tried to capture cosmic movement. Jackson Pajunk on the other hand uses curved lines to reach the same goal. This equivalent to Pollock's paintings is his representation of labyrinths and bubblin life.

Venture deeper into the observation of the painting and discover its center. A kind of heart, vibrant and red, it stands on a pink background. In this painting the heart is the motor of life through which the painting pulsates and breathes. This connects with the above described physical movements.

Like rhythmic pulsations and vibrations the observer feels as though he is listening to dance music. Through this one could be inclined to just see the positive and humorous aspect of the painting. The pessimistic message of the work however, remains present.

Life is like a labyrinth in which one can discover a lot and at the same time be bound in. Complete freedom does not exist. One feels trapped. By the way: Jackson Pajunk's labyrinth has no escape.

Other works by this painter underline the previous analysis and his life vision. For example « Altagsdschungel », « C'est moi », « Cashworld », « Lovecrasch », « R Evolution » et « Von Stolz und Tod »
work of (Pride and Death). These works have many similarities with the German paintters of the 20th century.

Like his predecessors (Grosz, Dick and Nolde), Jackson Pajunk manages a connexion between abstraction and expression. He uses the art of exaggeration, of distortion of bodies and grotesque faces and figures. Under no circumstances does he wish to appear: flat, conventional or tidy. His expression is purposeful, brutal and exaggerated.

Like all men of the North he possess a thirst for spirituality and is in search for the natural. Like Wilhelm Worringer ( Abstraction and Empathy, 1908), perhaps one should understand him as an artist who wants to get rid of the border between nature.

Even if the piece "La vie est comme une peau de banane" (Life is like a piece of banana) is less coined by this vision than others, this painting is the expression of his will to lead a life which is not about himself because it is the embodiment of the average of the Bourgeoisie and materialistic thinking. 

Christian Schmitt, 28.02.2010

Ambar Servin
http:// www.ambarservin.net

 

 

 

 

Klaus  Pajunk (dit Jackson Pajunk)


http://www.facebook.com/sharer.php?u=Partager