film documentaire sur Cocteau

METZ | PATRIMOINE-RL 22/08/2019

Un film de Christian Schmitt sur les vitraux de Saint-Maximin

Étonnant personnage que Christian Schmitt. Ce Messin, ancien inspecteur des finances publiques, féru de street art, voue un véritable culte à l’œuvre profane de Jean Cocteau, au point qu’il en a fait un film diffusé depuis dimanche sur YouTube. (https://youtu.be/mZ4B3zwAbyI )

 

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Dans ce documentaire d’une quinzaine de minutes intitulé « Jean Cocteau : je décalque l’invisible », l’historien de l’art, auteur de plusieurs ouvrages, articles et catalogues d’exposition, se livre à une exégèse des vitraux de l’église Saint-Maximin construits autour du thème de l’immortalité. 

Une œuvre prophétique puisque Jean Cocteau, immortel membre de l’Académie française et poète internationalement reconnu, n’y travaillera que de début 1962 jusqu’à 1963, année de sa disparition à l’âge de 74 ans.

Metz peut donc se targuer de posséder la dernière grande œuvre de Jean Cocteau classée par le site Atlas Obscura, le bréviaire anglo-saxon des globe-trotters, parmi les 13 701 « endroits dans le monde à voir avant de mourir ». (http://espacetrevisse.e-monsite.com/pages/vitraux-cocteau-et-13-701-endroits-a-voir-avant-de-mourir.html )

« 1962 est un moment très important pour Metz et Jean Cocteau, observe Christian Schmitt. Cette année-là, Jean Cocteau a fait deux choses fondamentales pour Metz : s’occuper de la pièce Pelléas et Mélisande (texte de Maeterlinck mis en musique par Debussy), dont il a fait les décors et les costumes, et débuter les vitraux à l’église Saint-Maximin. 

Après l’affront de la cathédrale Saint-Etienne (lire ci-contre), là, il était libre et avait l’appui de Malraux. Cette décision a finalement été une chance pour nous. »

Proche de Jean Dedieu, l’architecte qui mena à son terme la réalisation des vitraux de Saint-Maximin (ci-contre), Christian Schmitt s’est vu confier l’un des cartons sur lequel travailla Jean Cocteau. 

D’une hauteur de 2,80 mètres, il espère pouvoir l’exposer bientôt au musée de la Cour-d’Or, en même temps que sortira son second ouvrage sur les vitraux de Saint-Maximin dont il dit qu’ils sont « un hymne puissant à l’immortalité ». 

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 la maquette sans la partie inférieure

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la section du bas 

 

 

Surtout, « ils ne comportent aucun motif chrétien, aucune symbolique de la Bible », relève Christian Schmitt. « Ce qui est unique au monde pour une église », assène-t-il.

« Il faut prendre Cocteau tel qu’il est, poursuit l’expert. Cocteau disait qu’il était un vrai chrétien, mais un mauvais catholique. C’était quelqu’un de totalement libre. Ses vitraux font référence à la mythologie grecque, aux arts anciens, à l’alchimie, à la cabale, à l’ésotérisme. 

Donc, des choses tout à fait étrangères dans une église chrétienne. Ce qui explique peut-être que cinquante ans après, personne ne parlait de Cocteau à Metz. On sentait que quelque chose ne collait pas. » 

Il n’est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu et profiter de cet ensemble pictural exceptionnel qui mérite mieux que de l’indifférence.

Église Saint-Maximin, 61, rue Mazelle, Metz. Ouverture tous les jours, de 9 h à 19 h. Pour voir et lire les travaux de Christian Schmitt : www.espacetrevisse.com

Thierry Fedrigo, journaliste du Républicain lorrain