VERONESE et ANGI chez MORETTI
Performance Live d'Electro-Pop d'Amything Maria à 20h
Marco VERONESE, Resurezzione II, 2011
Marco Veronese, Alex Angi : Next Steps
Exposition du 25 mars au 16 avril 2011
Galerie Moretti&Moretti
6, cour Bérard 75004 Paris
Vernissage le 24 mars à 19h avec Anything MARIA auteur, compositeur, interprète
Marco Veronese : SOS Gaïa
Dans un livre désormais célèbre, Gaia, a New Look at Life on Earth (la Terre est un être vivant L’hypothèse Gaïa, 1979), le scientifique britannique James Lovelock envisageait la planète Terre non plus comme un ensemble hétéroclite dont les différentes parties seraient indépendantes, mais comme un être vivant, une « entité complexe comprenant la biosphère terrestre, l’atmosphère, les océans et la terre ; l’ensemble constituant un système de feedback ou cybernétique qui recherche un environnement physique et chimique optimal pour la vie sur cette planète.La préservation de conditions relativement constantes par un contrôle actif pourrait être décrit de manière satisfaisante par le terme “homéostasie” ».
Autrement dit, l’homéostasie (on doit ce mot au médecin et physiologiste Claude Bernard) désignerait ici la capacité de notre planète, rebaptisée par Lovelock du nom de la déesse Terre grecque Gaïa, à réguler d’elle-même les déséquilibres de toutes sortes susceptibles d’affecter la bonne santé de son écosystème. En quelque sorte, l’homéostasie terrestre de Lovelock préfigure le dénouement du film Avatar de James Cameron (2009) : alors que tout semble perdu et que les humains prendront bientôt pleinement possession de la planète Pandora pour en détruire la flore et la faune, la déesse-mère du peuple Na’vi, Eywa (l’« avatar » pandorien de Gaïa), intime l’ordre à toutes les créatures vivantes de se rebeller contre l’envahisseur dans le but de préserver le biotope des forêts luxuriantes.
En associant l’image de la Terre à une certaine iconographie de la mort, les nouvelles oeuvres de Marco Veronese nous rappellent que les théories de Lovelock ne se sont pas (encore) réalisées.
Notre planète semble en effet promise à une funeste destinée, quand bien même la « conscience écologique » des humains n’a jamais été autant en alerte. Dans la sculpture intitulée Fuck the World, un globe terrestre se tient en équilibre sur une main décharnée. Elle donne le sentiment qu’elle pourrait tourner comme un ballon sur le doigt d’un des fameux Harlem Globe Trotters.
On songe également, bien sûr, à cette scène magnifique et terrifiante du Dictateur, où Charlie Chaplin, parodiant Adolf Hitler, joue comme un enfant en faisant valser un globe terrestre au bout de son index. Dans Fuck the World, l’homme joue avec les destinées du monde. Au doigt de Dieu qui donne la vie au plafond de la chapelle Sixtine s’est substitué le doigt de l’homme, qui est ici celui de la mort. Il impose à la Terre un nouvel axe de rotation.
On se souvient que dans la Nuit des temps (1968), roman de science-fiction de René Barjavel, une guerre nucléaire survenue entre d’anciennes civilisations aujourd’hui disparues avait modifié l’axe terrestre, basculant leur continent paradisiaque sous les latitudes glacées de l’Antarctique.
Dans la sculpture de Veronese, les frontières des nations ne sont pas apparentes, signe que nous sommes tous concernés par le problème écologique (nous faisons tous partie de Gaïa) et qu’il s’agit de dépasser les clivages politiques et nationalistes. Les mers, elles, sont recouvertes de pointes de silicone noir, lesquelles confèrent à la sphère l’apparence d’une mine flottante ou d’un virus : la contamination s’est largement étendue, et l’omniprésence de ces sortes de pustules, dont la texture gluante évoque immanquablement les marées noires d’hydrocarbures, traduit bien l’urgence d’une situation explosive.
Ce traitement en relief des océans se retrouve dans le grand tableau photographique intitulé SOS World. Là, l’image d’un crâne esquissant un sourire triomphal se voit superposée à celle d’une mappemonde.
Les motifs entrent en collision, et la fragmentation du tableau en carrés (à certains égards, ce sont des pixels) complexifie encore l’ensemble. Certaines parties paraissent en effet s’être soulevées pour investir la troisième dimension, un peu comme dans les sphères éclatées du peintre Victor Vasarely.
Cette surface heurtée appelle des métaphores géologiques – on pense notamment aux colonnes basaltiques de la Chaussée des géants en Irlande du Nord –, et c’est ici la Terre elle-même qui donne le sentiment d’exploser. Dans le récent film 2012 de Roland Emmerich, l’écorce terrestre, sous l’action du bombardement intensif de particules solaires, se liquéfie et se morcelle. Des montagnes s’élèvent, d’autres sont englouties car elles sont le jouet de forces titanesques. Dans 2012 comme dans SOS World, la tectonique des plaques est devenue folle, et la surface du globe sera irrémédiablement modifiée, comme si une main gigantesque avait décidé de relancer les dés. Les compteurs sont remis à zéro. Reset.
»Face aux dangers qui nous menacent, nous avons besoin d’une régénération, d’une nouvelle renaissance », nous dit Marco Veronese. La Renaissance italienne et la tradition humaniste apparaissent dans ses portraits féminins empruntés à Raphaël, Léonard ou Bronzino. Dans ces tableaux photographiques, les jeunes femmes symbolisent la continuité de la vie.
Cette dernière est aussi fragile que les ailes des papillons masquant partiellement le visage des jeunes filles. La coquille du nautile, elle, démontre qu’une harmonie, un effet de miroir entre nature et culture (et, partant, entre l’homme et son environnement) est possible, car sa structure se développe selon les principes de la suite algébrique de Fibonacci. On songe alors au célèbre dessin de Léonard de Vinci, l’Homme de Vitruve, et l’on se dit qu’au cours des deux derniers siècles, les humains ont brisé ce cercle harmonieux en contraignant le monde à leur démesure.
Devant Fuck the World et SOS World, enfin, reviennent en mémoire les deux tableaux que le peintre espagnol Juan Valdes Leal (1622-1690) a peints en 1672 pour l’hôpital de la Charité de Séville.
Il s’agit de deux « Allégories de la mort » intitulées respectivement Finis Gloriae Mundi (la Fin de la gloire du monde) et In Ictu Oculi (En un clin d’oeil).
Le titre de ce second tableau s’inspire d’un passage des Épîtres de Paul aux Corinthiens consacré au jour du Jugement dernier : « Voici un mystère que je vous révèle : nous ne nous endormirons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin d’oeil… » In Ictu Oculi montre un grand squelette portant un cercueil et une faux sous le bras. Il piétine un globe terrestre, marquant ainsi son emprise sur les temps futurs.
Il faut bien saisir qu’en dehors des modes et des discours idéologiques, l’enjeu profond du débat écologique actuel nous place devant un choix dépassant de loin l’engagement individuel au quotidien : la fin du monde ou la survie de la race humaine.
Dans ses dernières oeuvres personnelles, comme dans celles qu’il réalise au sein du Cracking Art Group, Marco Veronese nous dit qu’il est peut-être encore temps de stopper la logique de mort, et qu’il nous faut réagir dans un mouvement de grande ampleur afin de faire pencher la balance du bon côté. Si ses appels demeuraient vains, alors notre seul espoir serait en définitive la réaction de Gaïa elle-même. Mais qui nous dit qu’elle ne serait pas plus violente que les outrages perpétrés depuis trop longtemps par les humains à l’encontre de leur Terre-mère?
Richard Leydier
Alex Angi, Plastic Virus,2011
Alex Angi : ART EPIDEMIC
Cannes-born Alex Angi has no doubt been influenced by the Nouveaux Réalistes who recuperated everyday objects and gave them a new lease of life. His vari-formed sculptures and accumulations evoke Arman, and his exuberant use of colour recalls Niki de Saint Phalle; their baroque, spiralling forms, on the other hand, bring to mind the reliefs by America’s Frank Stella.
Angi’s strange, powerfully evocative sculptures trigger the imagination. They could initially be likened to flowers, or rather those orchids which look too good to be true, hiding their poisonous or carnivorous nature beneath their pretty colours. They could also derive from jewellery – sometimes being set with multicoloured cabochons like medieval enamels. Their haptic qualities suggest the world of childhood (infant’s toys, especially plasticine), and make them look like chewing- gum or marzipan… something from the confectioner’s shop, tasting sweet or tangy.
All the same, Alex Angi’s inspiration pushes him more towards the microscopic and infinitely large. »I search for forms that do not yet exist » he explains. In other words, to exploit the poetic potential of his material, he dreams up what the most powerful microscopes and telescopes have yet to be able to show us when it comes to organic matter, atoms or distant nebulas.
He worked simultaneously on a number of different series: Plastic Land provides an uneven, almost mineral landscape with a hint of geometric organization; Plastic Virus offers a tangle of psychedelic spaghetti, like a dishevelled Gorgon; Plastic Jungle resembles an inextricable forest full of twisted plants; Plastic Invasor resembles a spider or insect; Plastic Slurrpp has tongues stuck out brazenly in every direction. Some works appear almost as compartmentalized as a human cortex. Let’s hazard a guess about their logic of progression: we start with virgin landscapes on an unknown planet; then come viruses and bacteria; then plants; insects; tongues, symbolizing the stage of communication; and finally brains…
What we see in Angi’s work is a speeded-up vision of the process of emerging life: a form of life whose DNA molecules are made up of polymers – of mutant life. Could these extraterrestrial creatures one day supplant the human race, according to the laws of natural selection- because they are stronger and, being recyclable, enjoy relative immortality?
Richard Leydier
LE LIEN entre Marco VERONESE et Alex ANGI
Veronese oblige à travers ses oeuvres à une prise de conscience générale. Le prélude est fini, les choix à faire concernent l’Humanité entière. Salut ou damnation! Si l’Homme est conscient de ce qui l’attend il pourra se sauver lui-même en sauvant la planète. Les oeuvres d’ Angi indiquent la route du salut à travers l’utilisation des nouvelles technologies comme la robotique et la génétique, elles démontrent que l’Homme peut prendre un chemin plus « droit » vers un futur meilleur. Le lien entre Veronese et Angi est une connexion non écrite qui les oblige à un lien artistique, l’un répond à l’autre. A la prise de conscience de Veronese répond la voie du salut d’Angi, créant ainsi un lien inséparable.
Frantz M. Piva
(articles de Artémédia du 19 mars 2011)
Exposition du 25 mars au 16 avril 2011
Vernissage le 24 mars avec Anything MARIA auteur, compositeur, interprète
Eclectique, polymorphe, la musique d’Anything MARIA s’oriente vers un songwriting POP, mutant et moderne, sans complexe ni frontière. Le premier lien qui attache Anything MARIA à la musique est étrangement la littérature et particulièrement la poésie. Puis elle découvre la peinture. Son obsession : peindre les climax musicaux et l’indicible.
Depuis 2004, elle vagabonde entre Berlin – ou elle a vécu 3 ans – Marseille, Paris et New York. En juin 2010 sort son 3e EP autoproduit «I AM VERTICAL» dont le single «Cook him up» est co-produit par David Shaw (Siskid).
Parmi ses collaborations, on retrouve Jean-Marc Montera, Nan Goldin, Alain Mahé, David Nuss (No Neck Blues Band, Amolvacy), Lee Ranaldo (Sonic Youth), David Shaw (Siskid), Ernie Brooks, Kyle Forester, Nitin Sawney, Genesis P. Orridge (Throbbing Gristle, Psychic TV), Rhys Chatham, Ernie Brooks (The Modern Lovers), Kyle Forester (Crystal Stilts, Ladybug, Transistor), Meisterfackt.
Galerie moretti & moretti
6, Cour Bérard
75004 Paris
Tél : 09 50 902 901
Métro : Saint-Paul
Ouverture :
Du mardi au samedi de 14h à 19h
En dehors de ces horaires, la galerie peut être visitée sur rendez-vous.
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