l'art contemporain est-il nul ?


QUESTION DE L’OBS : « L’ART CONTEMPORAIN EST-IL NUL? » SUGGESTION ET AVANT-PROPOS PAR NICOLE ESTEROLE

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« L’Art contemporain est-il nul? »
 

par Nicole Esterolle 

Je vous recommande la lecture ( si ce n’est déjà fait) des pages que je vous joins,du dossier « l’art contemporain est-il nul? » que l’actuel OBS nous offre comme une sorte de paquet -cadeau pour la nouvelle année… Une nouvelle année qui pourrait donc bien être celle de l’amorce d’un art « post-croissance » et « post-contemporain » comme le laisse présager ce « débat » entre Jean de Loizy , président du Palais de Tokyo, temple de la vapeur culturelle parisienne d’avant-garde, et Jean-Philippe Domecq qui avait provoqué, en 1991 par un texte paru dans la revue Esprit ce qui avait été appelé « la crise de l’art contemporain ».

En fait de « débat », il s’agit plutôt, comme vous le verrez, de la juxtaposition de deux propos parfaitement étrangers l’un à l’autre. Le premier de Jean-Philippe Domecq, écrivain, poète, connaisseur de la réalité de l’art par son « intérieur », et qui cite Konrad Klapheck comme un des vrais créateurs de formes que le Centre Pompidou devrait honorer plutôt que la bulle spéculative « hors-sol » de Koons ;

le second de Jean De Loizy, prototype –même du curator international polyvalent, ne connaissant rien de Konrad Klapheck, mais brillant dispensateur de formules convenues aussi doctes et sentencieuses que creuses, grand commis d’Etat virtuose de l’enfilage de phrases codées et d’éléments de langage comme autant de perles de fausse culture politiquement correcte… « Jeff Koons est un artiste assez décisif, même si l’effet de marché nous aveugle trop pour pouvoir le considérer sereinement », dit-il pour nous rappeler que si Koons était moins cher, on évaluerait mieux sa valeur intrinsèque et « décisive » (j’aime bien le mot) , encore bien supérieure à sa valeur marchande…

Et d’ajouter dans le même registre de la dialectique cruellement tirebouchonnée à contre-sens des aiguilles du temps: « Dans cette société capitaliste nous sommes les consommateurs insatiables de l’ensemble des formes que le système nous tend et Jeff Koons s’attèle à les scruter de façon obstinée en se situant lui-même à l’intérieur de cette subjugation »…Ben voyons, comme si l’enflure elle-même pouvait subvertir et dénoncer les mécanismes de sa genèse et sa raison d’être d’enflure … Et de surajouter, pour bien parachever ce feu d’artifice de pétillant enfumage de la logique commune: « L’importance du vide à l’intérieur de toutes les œuvres de koons, du ballon de basket aux jouets gonflables, exprime avec compassion ce que nous tentons ainsi de combler. En cela, je pense que Koons est un des grands analystes du visible de notre société »…

Et nous sommes bien là, définitivement atterrés et abasourdis par l’intensité ineptique de la sentence, au cœur de ce mécanisme producteur de la vacuité ontologique et de l’ hyper – visibilisme du rien burénien, qui permettent aujourd’hui de donner un telle importance au vide, de combler le manque par le discours sur celui-ci, d’in- questionner la non-question, de sur-qualifier l’incompétence, de planétariser la béance existentielle, de financiariser le rien, d’institutionnaliser le décervelage, et de faire de tous ces curateurs et fellateurs du néant, des grands prêtres de l’inepte artistique dit contemporain… pour des célébrations rituelles ou cérémonies initiatiques du type de celle faite justement le mois dernier par le même Jean de Loizy en son Palais de Tokyo, en jetant une aiguille dans un tas de foin, à seule fin qu’un artiste la retrouve en moins de 48 heures…et rien de plus.

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