1963-1969

  


I) Illumination des maîtres de la peinture: 1963-1969 

 Avant son entrée à l'école des Arts Appliqués de Metz en 1964, il suivit les traces de Rembrandt, Vélasquez, Van Gogh, Gauguin et Renoir.

Ce jeune peintre fut non seulement un excellent copiste, mais en pénétrant les puissances intimes qui peuplent les oeuvres de ses maîtres vénérés, son pinceau incorpora par touches successives sa propre flamme intérieure. Il put développer grâce à l'illumination de leur propre génie ce don merveilleux qui brillait déjà en lui.

 

 

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La jeune fille au coq (1963)
d'après "La Ronde de Nuit" de Rembrandt
huile sur contreplaqué (14,8x19cm)

Son premier tableau à l'huile à l'âge de 13 ans. La vie qu'il découvre grâce à Rembrandt est fait d'un merveilleux tumulte. Il entre dans le monde où derrière l'illusion que le peintre réussit à capter, on soupçonne la vérité.C'est le traitement des portraits qui intrigue beaucoup Trévisse.  

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Son autoportrait (1963)
huile sur contreplaqué (32x40cm)  

Son autoportrait joue à merveille sur les contrastes hallucinants de la lumière et des ténèbres à la manière des peintres hollandais et de Rembrandt en particulier.

 

La moitié du tableau est occupée par la pénombre alors que la lumière rejaillit de l’autre côté et se focalise principalement sur sa face et au centre, l’œil du jeune peintre ressort de manière surprenante. Les mèches de cheveu qui retombent sur son front sont traitées avec un certain éclat grâce à cette peinture généreuse qui glisse sous les effets de l’or.

 

Le col de la chemise et surtout le plissé ornant le devant comme un jabot sont peints avec rudesse voire une certaine brutalité. On sent le plaisir du peintre à travailler la matière. Il s’échappe un moment de la figuration pour jouir d’une certaine liberté.

 

 Le résultat est assez surprenant. Par des mélanges harmonieux de couleurs comme le blanc, l’ocre, le noir et d’autres nuances, il réalise un plissé d’une rare volupté grâce à une cascade de coloris pétillants et follement libres.

 

 Derrière cette palpitation harmonieuse, c’est le jaillissement de son être épris par la découverte et le bonheur de faire surgir au bout de ses doigts des mondes et des lieux insoupçonnés.

 

Il joue comme un magicien de ces contrastes pour donner et s’éblouir de lui-même. Trévisse réalise ce portrait brillant qui, émerge de l’obscurité où il parait serein, sûr de lui, maîtrisant parfaitement les techniques et les couleurs.

 

Et ce même portrait, révélant son visage, presque de profil, où son œil droit grand ouvert  dont l’effet grossissant est accentué par la prééminence arquée de son sourcil, force à jamais l’éternité.

 

Les traits du visage renforcent cette impression de grande quiétude : un nez rectiligne et fier, une bouche fine, fermée et volontaire et un menton gracieux avec une mâchoire dessinant une courbe harmonieuse.

 

Tout cela contribue à l’impression générale de l’équilibre et aussi de la satisfaction de lui-même. Le jeune peintre a réalisé sa première œuvre et sa joie est perceptible malgré la retenue et la réserve de son auteur qui masque habilement ce sentiment.

 

Mais on perçoit également derrière cet œil omniprésent du peintre, comme un flottement d’inquiétude. L’obscurité présente dans cette composition vient nous rappeler le doute, la douleur et les traumatismes que Trévisse a voulu taire par le voile de la nuit.

 

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