Richard TRIAN

 Richard TRIAN

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L’œuvre de Richard Trian se vit comme une opération spirituelle car  toutes les images qu’il nous donne de voir sont de nature poétique. Elles permettent d’humaniser les forces du cosmos   pour aboutir en quelque sorte  à une véritable cosmologie de l’humain.

La vie spirituelle qui domine son œuvre résulte de cette action qui est  de faire grandir les choses, les élever.

C’est pourquoi   les images du peintre  sont purement poétiques comme celles du poète Shelley pour qui  elles sont toutes assimilables à des « opérateurs d’élévation ».

Images dynamiques, qui élèvent, nous allègent, nous soulèvent et nous transcendent.

La dimension aérienne transparait étonnamment  chez Richard Trian et ce malgré l’enchevêtrement des formes et la forte intensité  des couleurs qu’il utilise.

Ce qu’il  nous propose  relève d’un voyage onirique. Voyage aérien sur des flots, dans une barque qui bercée dans un océan se fait caresser et parfois violenter  par  les vagues.

Shelley  disait lui-même : «  Notre barque est semblable à un albatros dont le nid est un océan lointain de l’Orient empourpré ; et nous nous assoirons entre ses ailes, pendant que la Nuit et le Jour, l’Ouragan et le Calme poursuivront leur vol… » (Shelley, Œuvres, trad. Rabbe, t.II ; Epispsychidion, p.274)  

Le psychisme voué à l’eau rejoint en fait tous les éléments du cosmos, la poétique de Shelley nous amenait déjà à un pays d’élection comme une « île suspendu entre le Ciel, l’Air, la Terre et la Mer, bercée dans une limpide tranquillité. »

De même la poétique de Richard Trian se nourrit de tous les éléments naturels que sont l’eau, la terre, le feu, le vent…

Son inspiration de la culture urbaine et son attrait pour l’ « outre-noir » d’un Soulages le conduisent souvent à utiliser des couleurs qui éclatent comme de la dynamite avec des formes denses, ramassées et électriques.

Certes l’artiste a besoin de marquer son territoire par une peinture très expressive voire violente pour accéder en réalité  à une dimension toute autre, celle de l’intériorité et de la  méditation.

Ce paradoxe, le peintre l’assume comme son empreinte personnelle, sa propre identité.

Il n’idéalise pas le spectacle de la nature mais s’imprègne d’elle pour agrandir le monde par son monde à lui, au-delà de toute limite.

Christian Schmitt, le 19 septembre 2012.