Paul Cézanne, un géant de la peinture
Un ouvrage récent vient de paraître aux Editions Parenthèses coll.eupalinos " Cézanne d'un siècle à l'autre" sous la direction de Jean Arrouye.
C'est un recueil d'études consacré à l'oeuvre de Cézanne ainsi qu'à des artistes fortement marqués par son influence. Car ce peintre est à l'origine des principales innovations picturales du XIX° siécle, ayant fortement influencé Braque, Léger et Picasso notamment.
Différentes approches d'auteurs d'horizons différents et qui ont en commun une passion et une connaissance remarquables de l'oeuvre cézarienne: Conservateur du patrimoine, enseignants en esthétique, en arts plastiques, en sémiologie de l'image, en histoire de l'art et en philosophie. Des études très poussées, scientifiques mais édifiantes sur ce géant de la peinture !
Parmi ces études, je retiendrai principalement celle fort remarquable de Michel Ribon sur la quête de la révélation de l'être. Il révèle par le goût obsessionnel de Cézanne à peindre la Montagne Ste Victoire et les pommes son souci de présenter la doublure de l'invisible: " une présence offerte dans un double mouvement d'apparition et de disparition, de don et de retrait, de dévoilement et de dissimulation, d'épiphanie et d'exode, dans le jeu d'une avancée d'absence et de présence retenue."
Son souci de vérité c'est de restituer à travers les choses banales de la vie quotienne la partie cachée, l'âme, l'empreinte de l'Etre. Il invente les moyens de faire venir l'invisible, le monogramme de l'Etre. Sa peinture c'est une quête métaphysique sous derrière les apparences et l'insignifiance la substance d'une réalité originaire.
Il fait sienne la formule du poète Henri Michaux pour " crever la peau des choses" et montrer comment les choses se font et comment le monde se fait monde. Et l'ambition déclarée de Cézanne c'est de " créer une harmonie parallèle à la nature."
En peignant sans cesse la Montagne Ste Victoire, ce n'est pas pour lui une question d'images et de mise en scène, mais une affaire de révélation, c'est un lieu d'une fracture sacrée et promesse de surrection. Son obsession de la série prend une dimension quasi mystique: par le refus de "finir" ou d'"achever"... par la reprise d'une démarche mystique sans cesse recommencée.
Ce faisant P.Cézanne, révolutionne la peinture à la fois au niveau esthétique et ontologique, autant sur la manière de sentir, percevoir, dire, penser et représenter que sur l'exploration de l'être. En prise avec les forces vives et inépuisables de la nature et la liberté aventureuse de l'homme, Cézanne nous dit que l'art ne peut donc mourir " comme sans cesse recommencée, la mer fera toujours entendre et écouter sa rumeur ".
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